Bilan en demi-teinte du projet-pilote

Difficile d’obtenir l’heure juste à propos du projet Netlift visant à promouvoir le covoiturage par l’investissement de fonds publics à Brossard. Les fonctionnaires et les élus ne s’entendent pas, si l’on se fie aux sources consultées et aux informations obtenues par le Brossard Éclair et le Journal de Montréal.

Environ six mois après le début des opérations du projet-pilote de Netlift, il serait prématuré de tirer des conclusions, selon le conseiller municipal Alexandre Plante.

«Il est très tôt pour dresser un portrait […] peu de publicité a été faite», a-t-il mentionné.

Un montant de 5349$ aurait été investi en acquisition de clients, selon les données que détient le conseiller.

Alexandre Plante, également vice-président du conseil d’administration du Réseau de transport de Longueuil, compare le coût par km-passager de Netlift, qui se situe à 0,84$, à celui de certaines lignes d’autobus improductives. Selon lui, seulement 1848,50$ ont été remboursés à Netlift pour 175 courses, totalisant une distance de 2204 km. Ce montant n’inclut cependant pas les coûts fixes de développement du projet (voir chiffres ci-bas).

Pour sa part, le directeur des communications de la Ville de Brossard Alain Gauthier a communiqué à deux reprises par courriel au Journal de Montréal pour indiquer que le montant remboursé à Netlift était de 91 200$. Selon ce que stipule le contrat liant les deux parties, ce montant représenterait la valeur maximale du service, pour une période de deux mois.

Alexandre Plante a défendu ce chiffre, précisant que deux versements ont été effectués, dont un en raison d’une erreur administrative dans les deux premiers mois d’opération. Aucune explication n’a été livrée concernant cette erreur, si ce n’est que Netlift a conservé le montant.

Après les dépenses des six premiers mois, la Ville aurait donc un crédit avoisinant les 46 000$ auprès du fournisseur, a affirmé le conseiller municipal.

De son côté, Netlift ne peut commenter la situation ou avancer de chiffres, par souci de confidentialité contractuelle, a expliqué son porte-parole Benoît Jugand.

Trop peu populaire?
Lorsque questionné sur l’évaluation de la popularité potentielle du projet, Alexandre Plante indique qu’aucune évaluation ne pouvait être faite au préalable puisqu’il s’agit d’un projet «véritablement innovant» et que rien de tel n’a été fait dans la région de Montréal auparavant.

«C’est le propre de l’innovation que d’avoir des projets qui ont du succès et d’autres qui en ont moins, avance-t-il. C’est après un certain temps et certains efforts que l’on peut évaluer le succès et la pertinence d’une mesure.»

Les parties prenantes du projet estimaient au départ qu’environ 840 citoyens utiliseraient le service mensuellement.

La Ville a mis 547 200$ de budget à la disposition de ce projet-pilote d’une durée d’un an.

Toujours selon les chiffres que rapporte M. Plante, 329 clients ont créé un compte sur l’application.

«Nous savons que de nombreuses suggestions ont été faites au gestionnaire du contrat afin d’augmenter le succès du projet, mais malheureusement, pour des raisons qui sont encore à éclaircir, elles n’ont pas été mises en œuvre», conclut M. Plante.

Le projet-pilote Netlift
Fondée à Montréal en 2012, Netlift est une application de transport planifié unique au monde, alliant covoiturage et déplacements en taxi et offrant une solution de mobilité simple, garantie et efficace.  Accessible sur téléphone mobile intelligent, Netlift met en contact des passagers et des conducteurs disposés à partager, les places disponibles dans leur véhicule pour aller travailler ou simplement pour se déplacer, moyennant quelques dollars par trajet.

Un investissement de 3,2 G$ a été annoncé le 31 octobre pour le financement de Netlift à Montréal. Le gouvernement du Québec − par le biais de son mandataire Investissement Québec −, Fonds InnovExport, Real Ventures et les actionnaires actuels participent à cet investissement qui permettra à Netlift d’accélérer la commercialisation à grande échelle de sa solution mobile de transport planifié. Montréal sera la première ville au monde où ce nouveau modèle d’affaires sera déployé.

De l’aveu des concepteurs de l’application, les chances de trouver un conducteur ou un passager faisant le même trajet que soi sont très faibles.

«Selon les études réalisées dans plusieurs villes, on parle de 0,4% de chance.» – Benoît Jugand, vice-président aux opérations taxis et affaires publiques chez Netlift.

Différents coûts du projet défrayés ou remboursés par Brossard
Plateforme: 26 600$
Marketing et publicité: 5349$
Courses remboursées (unitaires et mensuelles): 1848,50$
Dépenses additionnées: 33 797,50$
Total des deux versements à Netlift: 91 200$
Crédit de la Ville (selon Alexandre Plante): Environ 46 000$
Soustraction des dépenses aux deux versements: 57 402,50$
Montant inexpliqué: Environ 11 000$

NDLR: Les données transmises datent du 31 octobre. En date du 13 octobre, Alexandre Plante avançait que 1501 km avaient été parcourus.

Avec la collaboration de Matthieu Payen, du Journal de Montréal

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