Le Centre technologique en aérospatiale (CTA), à Longueuil, entreprend la transformation de son Piper Chieftain afin d’en faire un avion d’essai opérable à distance. Doté d’un puissant système d’acquisition de données et de calcul permettant d’exécuter des algorithmes d’intelligence artificielle (IA) en temps réel, l’appareil deviendra une plateforme unique au Canada pour tester des technologies destinées à l’aviation du futur. Un pilote restera cependant à bord pour garantir la sécurité lors des essais.
Comme l’explique au Courrier du Sud Thierry Klotz, chef du secteur Développement et intégration des systèmes aéronautiques au CTA, la plateforme servira à évaluer, en conditions réelles, diverses technologies émergentes : opérations avec un seul pilote assisté depuis le sol, systèmes de contrôle à distance, cybersécurité, interfaces opérateur, intégration de drones pour le transport de personnels ou de matériels, ou encore évolution des exigences de certification.
«C’est comme un avion divisé deux, explique M. Klotz. Il y a la partie contrôlée par le pilote et l’autre partie qui sert aux tests depuis le sol. À tout moment, le pilote peut reprendre le contrôle complet de l’appareil.»

Ce projet permet au CTA de se positionner comme un acteur clé dans le domaine des essais en vol. L’organisme entend mettre cette nouvelle infrastructure à la disposition d’entreprises, de centres de recherche et d’universités, afin de soutenir l’innovation en aérospatiale. «C’est un atout important pour la région», indique M. Klotz.
Lancé à l’hiver 2024, le projet doit se conclure en 2028, avec des premiers essais en vol prévus pour 2027.
2 M$ pour le cégep Édouard-Montpetit
Le développement du projet est rendu possible grâce à deux subventions d’un million de dollars accordées au cégep Édouard-Montpetit, octroyées par la Fondation canadienne pour l’innovation et le ministère de l’Enseignement supérieur. Plusieurs partenaires industriels et académiques, dont CMC Électronique, le Centre d’excellence d’essais en vol, Polytechnique Montréal, l’ÉTS et Bombardier, y contribuent également.
Parallèlement, l’École nationale d’aérotechnique et le CTA ont obtenu une accréditation de Transports Canada leur permettant d’agir comme organisme de maintenance agréé. Les techniciens du CTA pourront ainsi réaliser eux-mêmes les modifications requises sur l’appareil.
«Cinq personnes travaillent temps plein sur ce projet en plus d’enseignants de l’ÉNA, de stagiaires et huit étudiants de l’Université de Sherbrooke», précise M. Klotz.
Affilié au cégep Édouard-Montpetit, le CTA est reconnu pour son expertise en matériaux avancés, systèmes aéronautiques, robotisation, propulsion alternative et intelligence artificielle, contribuant au développement et au transfert technologique dans l’industrie aérospatiale québécoise.


À lire aussi en complémemt https://www.journaldemontreal.com/2025/11/15/ils-travaillent-sur-lavion-du-futur-opere-a-distance