Le transport en commun vit une période difficile au Québec, marquée par d’importants défis financiers depuis la pandémie. Dans ce contexte, est-ce que la collaboration avec le privé pourrait devenir plus importante? Pour Émile Cadieux, vice-président principal, Québec & Maritimes chez Transdev Canada, il pourrait y avoir des bénéfices. Résumé de l’entretien avec Gravité Média en cinq questions.

Sur le plan du transport en commun, quel est le rôle de Transdev au Québec?

«Dans le transport en commun, on fait beaucoup d’affaires avec exo, dans le Grand Montréal, parce qu’exo, c’est la seule société de transport qui sous-traite du transport urbain au privé.

On fait aussi des affaires, par exemple, avec la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu pour son transport urbain local et vers Montréal. On a des plus petits contrats, exemple, avec la MRC Brome-Missisquoi, des petits véhicules qui font du transport dans la MRC. »

De votre perspective du monde du privé, comment décririez-vous l’époque qu’on vit sur le plan du transport en commun, où il est beaucoup question de finances, optimisation, réduction de coûts?

«C’est sûr que dans notre monde à nous, on est constamment en compétition. Ce sont des appels d’offres et on est toujours forcés à innover et à essayer d’être le moins cher possible, sinon, on perd les contrats. Pour nous, ça fait aussi partie de notre modèle d’affaires de toujours se questionner. Donc, on n’est pas surpris par les discussions qu’il y a en ce moment, parce que c’est ça qu’on fait au quotidien.»

Est-ce que, de votre point de vue, il y aurait moyen de faire plus de collaborations publiques-privées avec les sociétés de transports publics? Et comment ça pourrait aider le développement du transport en commun?

«Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible. Exo le fait, ça fonctionne bien. D’ailleurs, dans l’audit de performance du gouvernement, qui a été fait par Raymond Chabot de Grant Thornton, justement, exo se démarque avantageusement dans leur modèle d’affaires avec ça.

Ça fait partie d’une des recommandations du gouvernement aussi, l’impartition de certains services. C’est sûr qu’il y a une réflexion à avoir sur quels services pourraient être impartis, c’est quoi la valeur ajoutée des opérateurs privés. Mais force est de constater qu’exo s’en tire bien avec leur modèle d’affaires.»

Quel portrait dressez-vous du transport en commun dans le Grand Montréal?

«Je crois qu’en ce moment, on comprend qu’il y a une pression sur les fonds publics, le financement est compliqué dans le transport collectif, mais ce qu’on voit, ce sont des autobus pleins, ce sont des usagers qui se plaignent.

Évidemment, on prendrait plus de services, mais plus de services, il faut trouver la façon de le financer. Ce n’est peut-être pas nécessairement demander plus de fonds, mais il y a une façon, on peut faire différemment le service.

Je mentionnais l’audit qui a été fait par le gouvernement. Une des conclusions, c’était aussi de faire du transport à la demande pour diminuer les coûts sur des lignes moins achalandées, pour pourvoir injecter ça, réinjecter le gros autobus où il est le plus pertinent.»

Est-ce qu’il y a des tendances fortes dans le milieu du transport en commun, dans le monde, qui pourraient inspirer les sociétés de transport ici?

«Le transport à la demande, ça en était une. C’est un peu les solutions technologiques pour aider à l’optimisation, mais il faut aussi avoir de la flexibilité dans nos façons de faire.

Comme je l’ai dit, nous sommes dans un monde privé de compétition. C’est sûr qu’on met beaucoup d’accent sur des clauses de productivité. C’est le nerf de la guerre pour renouveler nos contrats. Alors oui, il y a des solutions technologiques, mais il faut que ça soit applicable dans la réalité. Si on a des contraintes disons contractuelles ou de conventions collectives qui viennent annuler ça, le gain est limité.»