COOPÉRATION. Alain Higgins a terminé l’année 2016 sous le signe de l’humanité, après avoir travaillé deux semaines en Haïti dans le but d’offrir son aide pour réparer des puits d’eau à Grand-Goâve, une commune qui a subi les ravages de l’ouragan Matthew en octobre.

L’ingénieur en bâtiment pour l’entreprise Stantec n’en est pas à son premier voyage de coopération avec l’organisme Action-Haïti Montérégie. Depuis maintenant cinq ans, le Longueuillois s’y rend deux fois par an pour donner de son temps. Fin novembre, l’objectif était de réparer vingt puits pour un investissement total de 20 000$.

Accès à de l’eau potable

«Les gens étaient contents car ils n’avaient pas l’argent pour les réparer. Ils devaient donc se rendre ailleurs ou se contenter de la rivière. Il y en a qui n’ont tout simplement pas les moyens d’acheter des bidons d’eau. Et même dans certaines zones, boire l’eau des puits n’est pas recommandé. Mais ils la consomment malgré les risques que cela comporte», se désole M. Higgins.

L’eau de certains puits est impropre à la consommation, notamment en raison de leur mauvais aménagement. De plus, les inondations causées par le passage de l’ouragan ont provoqué la contamination de plusieurs puits utilisés par les populations dans les zones rurales. C’est pourquoi M. Higgins a rencontré des responsables de la municipalité afin d’assurer des réparations régulières sur les puits fraichement rénovés.

Investir en agriculture

Outre l’importance de l’accès à l’eau, l’ingénieur a développé une autre grande préoccupation au fil de ses voyages en Haïti: l’agriculture. Les ravages causés par l’ouragan l’ont secoué.

«Tout est tombé: les bananiers, les manguiers. Pratiquement tous les jardins ont été détruits. Il faut repartir à zéro», affirme celui qui est justement en train de faire “germer” une nouvelle idée.

Alain Higgins a profité de son séjour pour développer un autre projet qui mettrait l’expertise de jeunes agriculteurs à contribution. Il souhaite aménager un terrain qui serait entièrement consacré aux activités de jardinage, comprenant un centre de démonstration. Déjà, le coopérant a fait l’achat de 1500 semences qui servent à cultiver de nouveaux arbres.

Si l’ingénieur s’est beaucoup impliqué jusqu’à présent à Grand-Goâve, il tient à préciser qu’il ne fait qu’accompagner les résidents dans leurs projets. «Je ne suis pas spécialisé en agriculture, mais je travaille avec des leaders à partir de ce qu’ils me proposent. C’est touchant de voir l’engagement de tous ces gens. C’est eux qui vont faire la différence», conclut-il.

En bref

• En Haïti, l’accès à l’eau est un combat du quotidien pour la majorité des résidents: 42% de la population du pays n’a pas un accès sûr à l’eau potable, et plus de la moitié des Haïtiens doivent marcher plus d’une demi-heure pour se procurer cette eau, selon l’Organisation des Nations Unies (ONU).

• Le pays a perdu 580 M$ dans le secteur agricole en raison du passage de l’ouragan Matthew en octobre. Près de 90% des récoltes ont été détruites et dans certaines régions, plus de 75% de la population vit de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Environ 1,4 million de personnes ont toujours besoin d’une assistance alimentaire après l’ouragan qui y a causé «la plus importante crise humanitaire depuis le tremblement de terre de 2010», toujours selon l’ONU.