Une Longueuilloise a plaidé coupable, le 17 novembre au palais de justice de Longueuil, d’avoir omis d’avoir fourni le nécessaire à l’existence de son enfant lors des premiers mois de sa vie. La femme a attendu quatre jours avant de consulter un médecin pour soigner son bébé âgé d’un peu plus de deux mois, qui avait une fracture au fémur. L’examen médical a dévoilé une cinquantaine de fractures sur le corps du poupon.

Les faits reprochés remontent à 2018. La femme est tombée enceinte alors qu’elle était en relation depuis peu avec celui qui sera le père de l’enfant. Les conflits déjà existants entre eux prennent de l’ampleur à la suite de la naissance de l’enfant, a d’abord révélé le Journal de Montréal.

Selon l’exposé conjoint des faits dont Le Courrier du Sud a obtenu copie, l’accusée remarque que son conjoint est maladroit avec l’enfant, peut être brusque avec lui, tirer fort sur sa couche ou encore sur sa manche de pyjama. L’accusée voit des ecchymoses sur les côtes de l’enfant, alors âgé de quatre semaines, et soupçonne le père d’avoir brutalisé le bébé.

Lorsque le père change la couche de l’enfant, la nuit du 20 novembre 2018, l’enfant hurle et est inconsolable. Le matin même, la mère constate la jambe «flasque» du bébé. «Quand l’accusée touche sa jambe, l’enfant réagit fortement. L’accusée et M. […] peinent à lui changer la couche», peut-on lire. La jambe restera enflée les jours suivants. La mère refuse les conseils d’une amie qui, à la vue de la jambe rouge de l’enfant, lui recommande d’aller à l’hôpital.

Le 24 novembre, les parents se rendront au CHU Sainte-Justine, après que la jambe de l’enfant ait cessé de bouger.

Le nom de l’accusée ne peut être dévoilé, pour protéger l’identité de l’enfant.

« Épisodes répétés de traumatismes »

«Les différents examens médicaux, réalisés lors de l’hospitalisation de l’enfant, révèlent 50 fractures et plusieurs ecchymoses», mentionne l’exposé des faits.

Selon l’équipe médicale, les fractures résultent d’au moins trois ou quatre événements traumatiques non accidentels.

La fracture au fémur «a les caractéristiques d’une fracture causée par torsion. La force utilisée doit être excessive», décrit l’exposé des faits. Le document cite la Dre Anne-Claude Bernard Bonnin, pédiatre au CHU Ste-Justine, selon qui une fracture du fémur «est extrêmement» souffrante.

Quant aux autres fractures, elles ont été repérées notamment aux côtes, aux mains et possiblement à un pied. Elles ne se seraient pas produites au même moment.

Les évaluations démontrent que ces fractures et les ecchymoses ne pourraient s’expliquer par une anomalie médicale. Les fractures sont incompatibles avec une chute ou un coup accidentel. «L’enfant a été victime d’épisodes répétés de traumatismes infligés», conclut l’équipe médicale.

À sa sortie de l’hôpital, l’enfant a été confié à la mère de l’accusée. Il ne conserve pas de séquelle de ces traumatismes, sauf une jambe légèrement plus courte.

Aveux

Quelques jours après les événements, le conjoint a admis qu’un «geste de frustration» de sa part pouvait être à l’origine de la fracture au fémur.

Ce n’est que le 14 juillet 2023 que l’accusée a reconnu à une agente d’infiltration «qu’elle est coupable de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour que ce qui est arrivé à sa fille n’arrive pas». Elle a été arrêtée le 28 juillet.

Ces aveux ne concernent toutefois pas les autres fractures et ecchymoses observées sur le corps de l’enfant. Les parents n’ont pu fournir d’explications à cet effet. «Aucune preuve spécifique ne permet de conclure que l’un ou l’autre des parents en est l’auteur», signifie l’exposé des faits.

L’accusée recevra sa sentence en mars. Elle est passible d’une peine d’emprisonnement pouvant atteindre cinq ans. Le conjoint est quant à lui accusé de voies de fait graves. Il sera de retour en cour le 16 janvier.