Au-delà d’un contact positif à la lecture et à l’écriture, c’est une «deuxième famille» que viennent chercher les parents et enfants lorsqu’ils participent à l’une des activités du Fablier. L’organisme du chemin de Chambly est l’un des rares, sinon le seul au Québec, dont la mission est centrée sur une approche d’alphabétisation familiale.
Les activités offertes sont multiples. L’atelier d’éveil à l’écrit par des histoires et chansons pour les 0-5 ans – très populaire –; l’atelier de préparation à la rentrée scolaire; les activités avec les CPE; l’activité auprès des 5-12 ans lors de journées pédagogiques; ou encore les ateliers de lecture et d’écriture dans une approche ludique et créative pour les parents en sont quelques exemples. Offert depuis peu, un atelier pour les 5-12 ans offre un soutien collectif à la période des devoirs.
Dans une approche de groupe, un travail de prévention s’exerce sur tous les membres de la famille, afin de soutenir le parent – peu importe son niveau de littératie – dans son rôle d’accompagnant.
«On passe par l’enfant, mais notre mission s’adresse au parent. On n’est pas là pour prendre sa place, ni se placer en position d’expert», fait valoir la coordonnatrice et intervenante communautaire en alphabétisation familiale Sonia Desbiens.
Certains des ateliers destinés aux enfants prévoient un moment privilégié de partage entre l’enfant et le parent, qui permet par exemple d’apprivoiser le rapport du jeune au livre et à la lecture et d’instaurer des pratiques familiales.
Lieu d’implication
Le Fablier, qui dessert essentiellement les familles des quartiers avoisinants, se veut également un important lieu d’implication des parents, qui contribuent activement à la réalisation des activités, comme des ateliers de cuisine ou encore la préparation d’un spectacle. Des activités sont d’ailleurs nées de l’initiative de parents.
Il arrive souvent que le parent qui franchit la porte du Fablier veut d’abord et avant tout que son enfant puisse socialiser avec d’autres jeunes. «Il se préoccupe de l’enfant, mais peu à peu, il s’aperçoit qu’il peut lui aussi bénéficier de tout ça», remarque Sonia Desbiens.
Cette approche contribue à améliorer également la confiance et l’estime de soi du parent. Car les raisons pouvant expliquer des difficultés de lecture ou d’écriture sont multiples: manque de soutien sur le plan familial; intimidation; retards à l’école; contexte de classes spécialisées, etc. Le parent aura souvent tendance – à tort – à se culpabiliser, remarque l’intervenante.
«Ce n’est pas parce que l’école a été difficile pour toi que tu n’es pas en mesure d’avoir une influence positive sur ton enfant, insiste-t-elle. On veut offrir un milieu de vie qui permet au parent de se donner un pouvoir dans sa vie. En sortant, il peut utiliser les compétences qu’il a acquises et ainsi améliorer sa condition.»
Car au cours des 10 années à œuvrer au Fablier, le plus grand changement noté par Mme Desbiens est surtout une dégradation des conditions de vie.
«Ce n’est pas rare de rencontrer des personnes en situation de détresse, de survie économique, qui vivent beaucoup d’isolement. Tout ça amène d’autres problèmes. C’est pour cela que nous offrons beaucoup d’écoute et que nous référons à d’autres ressources au besoin.»
Un impact évident
Le 20 septembre, Le Fablier a participé à un flashmob de la Concertation Alphabétisation Longueuil afin de sensibiliser le gouvernement aux besoins du milieu. Marie-Pier, une mère qui bénéficie des services du Fablier, a témoigné de l’importance de l’organisme dans sa vie.
«Le Fablier a aidé mon fils à aimer la lecture, à aimer apprendre. Sans eux, je pense que mon gars ne serait pas inscrit à l’école, raconte-elle. Mon gars déchirait les livres, ça ne l’intéressait pas. Du jour au lendemain, ça lui prenait une histoire par soir, puis deux, puis trois. Il est rendu en 3e année et il lit ses livres tout seul.»
Une belle croissance
Actif depuis 1996, Le Fablier connaît actuellement une belle croissance. Il a bénéficié l’an dernier d’une subvention non récurrente du ministère de la Famille, permettant l’agrandissement et la rénovation des locaux. Deux intervenantes communautaires en alphabétisation familiale se sont ajoutées aux trois intervenantes déjà en poste.
Le ministère de l’Éducation a également bonifié son financement l’année dernière.
Le Fablier accueille en moyenne 50 familles par année, dont un «noyau régulier» d’une quinzaine d’habitués.
Toutes les activités sont offertes gratuitement. «C’est notre philosophie, affirme Sonia Desbiens. On veut favoriser la participation de tous. Si on ne peut assumer les frais d’une activité, on ne la fait pas.»
