Église anglicane: Saint-Lambert emprunte la voie judiciaire pour récupérer le terrain
Les négociations d’une entente pour une remise volontaire du terrain de l’église anglicane à la Ville de Saint-Lambert – un mandat accordé au directeur général en début d’année – n’ont visiblement pas porté fruit. L’administration municipale poursuit le promoteur afin que ce terrain et l’immeuble redeviennent sa propriété.
Si la Ville de Saint-Lambert a refusé de commenter le dossier judiciarisé, sa mairesse Pascale Mongrain a accepté d’en dire quelques mots au Journal.
«Les années ont passé, et il n’y a pas eu respect des conditions par le propriétaire – le deuxième dans toute cette histoire –, malgré les rappels de la Ville, se désole-t-elle. On a décidé qu’on allait reprendre le terrain, car manifestement, il n’exécute pas ce à quoi il est obligé.»
Si la Cour supérieure tranche en sa faveur, la Ville ignore pour l’instant le sort qu’il adviendra de ce bâtiment qui ne paie pas de mine.
La vente du terrain de l’église anglicane avait initialement été complétée en octobre 2017, incluant certaines obligations pour l’acheteur. Dans une mise à jour du contrat en 2019, d’autres conditions financières et architecturales s’étaient ajoutées.
Le propriétaire est une compagnie à numéro, dont le principal actionnaire est Stéphane Boivin. Ce dernier n’a pas répondu aux demandes d’entrevue du Journal.
Poutre et testostérone
Questionné à ce sujet, l’entrepreneur Max Dubois, qui avait initialement signé l’acte de vente en 2017, démontre qu’il est encore bien impliqué dans le projet.
D’ailleurs, «Gestion Dubois, Dubois et Dubois» est le deuxième actionnaire de la compagnie à numéro propriétaire du terrain.
M. Dubois cible «une prise de bec due à une connerie» survenue en septembre 2021 comme la cause de la stagnation du dossier.
Il raconte qu’à ce moment, il avait transporté sur de grandes planches à roulettes tirées par une camionnette une poutre de 30 pieds dont il avait besoin à son commerce L’Échoppe des fromages. Un voisin de l’église anglicane voyant passer cet étrange «convoi» avait alerté la Ville, croyant que M. Dubois en était à démanteler l’église.
«Le lendemain, il y a eu une réunion avec le directeur général de la Ville qui a dit à mon entrepreneur : "Si vous enlevez toutes les poutres, vous n’aurez plus rien à restaurer!" Il a cru à des ouï-dire! Mon entrepreneur a pété un plomb et a quitté», relate-t-il.
L’entrepreneur n’a jamais obtenu de permis de construction.
«À cause de deux mecs, résume M. Dubois. On a un problème de testostérone dans le monde! Ils ont pogné les nerfs et ils sont restés là-dessus!»
M. Dubois rappelle qu’il a consacré dix ans afin d’imaginer un projet pour ce bâtiment à restaurer, en plein coeur de Saint-Lambert. La vision s’est transformée au fil du temps, et le lieu était voué à devenir un espace de coworking, puis un rassemblement d’artisans alimentaires.
«C’est un beau projet, vecteur d’économie, respectant les voisins, l’environnement. On avait une synergie. Et à côté, il y a des projets épouvantables qui passent dans le beurre», déplore Max Dubois.