Un groupe de finissants du cégep Édouard-Montpetit a voyagé en Scandinavie pendant une dizaine de jours en mars afin de découvrir et de s’inspirer des meilleures pratiques en urbanisme durable. Revenus la tête pleine d’idées, ils soumettront des recommandations à la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, qui les a d’ailleurs rejoints sur place durant quelques jours.
Syrine Mghirbi et Adrien Thibeault avaient le sourire facile en se remémorant leur séjour à Copenhague, Malmö et Oslo.
Le voyage, effectué dans le cadre du projet Défi environnement, leur a permis de visiter différents aménagements innovateurs, de rencontrer des experts comme ceux la firme d’architecture Gehl et de comparer les pratiques en urbanisme avec ce qui se fait ici.
Une confiance qui inspire
Le plus gros contraste avec Longueuil? Si le réseau cyclable est la première réponse qui vient aux étudiants, ils ont surtout été marqués par le respect et la confiance entre les usagers de la route.
«Les automobilistes ont un respect incroyable pour les piétons et les vélos. Dès qu’ils te voient arriver, ils s’arrêtent. Un soir, en allant souper en trottinette en Norvège, j’ai mis mon clignotant pour tourner et la voiture s’est arrêtée directement. J’étais sous le choc!» illustre Syrine.
Une cohabitation favorisée par des aménagements où chacun a son espace, souligne-t-elle, alors que la piste cyclable est séparée de la rue et du trottoir. «Il n’y a pas de vélo dans la rue, et pas de piétons dans la piste cyclable.»
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Un exemple de partage de la chaussée à Copenhague. Le trottoir, la piste cyclable et la rue sont à des niveaux différents. (Photo : Gracieuseté)
Cette confiance, elle s’étend par ailleurs à d’autres aspects du quotidien : pas de vérification des billets pour le transport en commun, pas de discours sur l’importance du casque à vélo, et même parfois, pas de clôture autour d’une cour d’école.
Une différence à prendre en compte
Plusieurs aménagements ont marqué Syrine et Adrien, mais les deux étudiants sont conscients que tout ne peut être transposé en sol québécois.
Ils ont par exemple bien aimé le déploiement des toits verts et la fréquence de passage des transports en commun – «on n’attendait pas plus qu’une minute pour le métro», évoque Syrine –, mais l’hiver québécois et le réseau de transport actuel ne rendraient pas ces recommandations réalistes, selon eux.
Les deux sont toutefois d’accord qu’une amélioration du réseau cyclable en s’inspirant du modèle scandinave serait possible.
«On peut implanter des affaires simples, comme de mettre une piste cyclable de chaque côté de la rue et de les soulever pour marquer la séparation entre les deux», évoque Adrien, qui a également bien aimé que la ligne d’arrêt des vélos soit en avant de celle des voitures, pour éviter que les cyclistes se retrouvent dans les angles morts.
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Un grand stationnement à l’entrée du quartier. Une fois la voiture stationnée, on marche vers la maison. On retrouve des jeux sur le toit et même un chronomètre, si l’on veut tester en combien de temps on peut se rendre en haut. (Photo : Gracieuseté)
Le point de vue de la mairesse
Jointe au téléphone, la mairesse Catherine Fournier dit avoir bien hâte de recevoir les recommandations du groupe de 16 étudiants, elle-même ayant été bien inspirée par ce qu’elle a vu. Elle croit d’ailleurs également que des éléments simples de sécurité routière comme ceux évoqués par les étudiants pourraient être transposables.
«Ce qui m’a le plus marquée, c’est à quel point l’espace est bien partagé, qu’on inclut tout le monde dans la planification urbaine, autant les automobilistes que les personnes plus vulnérables», affirme-t-elle.
Elle donne en outre l’exemple d’une étude réalisée en collaboration avec la santé publique, dans le cadre de laquelle des caméras avaient été placées à la hauteur d’un enfant moyen de 3 ou 4 ans, qui concluait que les enfants qui circulaient sur les trottoirs étaient plus vulnérables à la pollution émise par les tuyaux d’échappement.
«Pour cette raison, dans les corridors scolaires, ils essaient de faire des trottoirs plus larges», évoque la mairesse.
Une richesse
Syrine et Adrien estiment que le voyage a beaucoup apporté à leur vie étudiante. Adrien le décrit comme une richesse, qui amène «un regard critique sur ce qui se fait ici», tandis que Syrine a trouvé qu’il lui avait ouvert les yeux sur des questions d’actualité et de société qu’elle n’avait pas vues dans son programme.
Recommandent-ils le voyage à la cohorte suivante? À peine le journaliste a-t-il terminé sa question que les réponses surgissent simultanément : «100% » «Oh oui! »
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Exemple de garage à vélo dans un immeuble. Ceux qui l’utilisent plus fréquemment ont un espace plus près de la porte. (Photo : Gracieuseté)
Carnet de voyage
Les exemples relevés par Syrine et Adrien dans l’article ne sont quelques-uns de ceux qu’ils ont pu observer durant leur voyage. En voici cinq de plus qu’ils ont bien aimé :
Trois lumières aux intersections – «Il y avait une lumière pour les autos, une pour les vélos et une pour les piétons. Ça aidait beaucoup à la circulation, c’était clair quand tu pouvais passer et quand tu ne pouvais pas.» – Syrine
Logement en façade, cour intérieur – «Au Danemark, dans un ilot résidentiel, les logements étaient en rangée et au centre, il y avait une cour commune, semi-privée pour les résidents. Le sentiment de communauté que ça pouvait créer, j’ai trouvé ça vraiment intéressant.» – Adrien
Tour à stationnements – «À l’entrée d’un quartier, il y avait une grosse tour où les gens allaient se stationner, avec un parc sur le toit. Les gens laissaient leur voiture là et marchait jusqu’à chez eux dans un quartier où les rues étaient petites, conviviales.» – Syrine
Stationnement sous la place publique – «À côté d’un marché à Copenhague, il y avait un stationnement sous une grande place publique. On ne le voyait pas, mais par-dessus, les gens pouvaient faire de la trottinette, du basket, il y avait toute sorte d’installations pour que les gens puissent s’amuser.» – Syrine
Garage à vélo – «Sous une tour résidentielle, il y avait un garage à vélo avec un code de couleur rouge, orange et vert, selon la fréquence d’utilisation. Si tu utilisais ton vélo plus souvent, t’étais dans la section verte, plus proche de la porte. Il y avait aussi un endroit avec plein de code QR, qui, si ton vélo brisait, t’amenait vers un tutoriel pour le réparer toi-même.» – Adrien
