Longueuil : le désir d’une densification au pouls de la population
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La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, prône une densification douce pour une majorité du territoire. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ archives)
La Ville de Longueuil veut ajouter 30 000 logements sur son territoire d’ici 2041. Avec des cibles claires de protection du territoire, la Ville n’a donc pas le choix de miser sur la densification pour atteindre son but. Et pour la mairesse Catherine Fournier, il est absolument possible de réaliser le tout avec l’appui de la population.
C’est avec ces objectifs en tête que la refonte des règlements d’urbanisme sera en vigueur en avril.
Existe-t-il encore des réticences face à la densification? Certes, mais la mairesse y voit là une réaction naturelle.
«Je ne suis pas dans l’école de diaboliser le «pas dans ma cour», dans le sens où, les citoyens aussi ont raison. Oui on veut une densification, mais une densification bien faite et adaptée à tous les quartiers», assure-t-elle en entrevue au Courrier du Sud.
Moduler les quartiers
C’est dans cet esprit qu’un projet pilote avec la firme d’urbanisme l’Arpent avait été lancé en 2022. Celle-ci a réalisé une analyse typomorphologique et une étude ethnographique, dans le but de bien saisir les particularités de chaque quartier.
Ainsi, si la refonte de l’urbanisme entend simplifier bien des choses, elle ajoute des règlements «d’insertion», inspirés de ce projet pilote. La réglementation sera modulée selon chaque quartier.
«La plupart de nos quartiers, ce sont des quartiers avec des maisons unifamiliales, des bungalows. Bien, on ne va pas commencer à construire des six étages entre deux unifamiliales», illustre Mme Fournier.
Cela ne veut toutefois pas dire qu’on omet de densifier ces quartiers. Plutôt, on favorisera les logements en fond de cour, les prolongements de bâtiment ou l’ajout de logement dans un sous-sol, un garage ou à l’étage d’un bâtiment existant.
Somme toute, la mairesse de Longueuil estime que la population est plutôt en accord avec la densité et qu’elle comprend en particulier l’impératif de la crise du logement.
Pour une densification plus importante, des lieux comme les centres commerciaux ont été identifiés. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ archives)
Centres commerciaux
La densification est loin d’être un paradigme uniquement longueuillois. D’ailleurs, à l’échelle de la métropole, on imposera prochainement d’imposantes cibles de densité aux 82 municipalités qui composent le Grand Montréal.
Parmi celles-ci, les cibles les plus importantes visent de vieux centres commerciaux, dont plusieurs à Longueuil. Catherine Fournier voit d’un bon œil le potentiel de redévelopper des quartiers complets dans ces quadrilatères commerciaux d’une autre époque.
Si le cas du Complexe Cousineau a déjà été dénoncé publiquement par la mairesse, celle-ci assure que la plupart des propriétaires de ces centres sont ouverts à l’idée.
«On a des discussions avec plusieurs d’entre eux. J’ai hâte de voir lesquels, mais il y a en 1 ou 2 qui vont sortir du lot et dont on va pouvoir avoir des nouvelles, d’après moi dans la prochaine année», souligne-t-elle.
Des règles plus simples pour tous
La refonte de l’urbanisme permettra aussi de rendre les règlements plus compréhensibles, estime Mme Fournier. «On a vraiment fait le ménage», soutient-elle, évoquant la complexité des règlements issus des anciennes villes aujourd’hui fusionnées.
Elle y voit à la base une façon de faciliter le travail des employés, des citoyens et des promoteurs. La Ville vise d’ailleurs la fin des délais de prise en charge des dossiers à la fin de la présente année.
«À un moment l’année dernière, on est monté à six mois de prise en charge. Le dossier était en attente six mois avant qu’un responsable de l’urbanisme l’ouvre et l’analyse», souligne l’élue municipale, dont le travail avec la Bloomberg Harvard City Leadership Initiative vise spécifiquement la fin des délais de prise en charge.
«Pas mal toutes les villes du Québec sont dans le même bateau. On se demande pourquoi, s’il y a plus de gens qui travaillent à l’urbanisme, ça prend plus de temps analyser un dossier? C’est parce que les projets sont de plus en plus complexes. On bâtit la ville sur la ville», ajoute-t-elle.
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