Nuit des sans-abri de Longueuil: quand l’art ravive la confiance en soi

La 24e édition de la Nuit des sans-abri «Sans toit, ni choix» organisée sous la gouverne de la Table Itinérance Rive-Sud (TIRS) qui aura lieu à nouveau au parc St. Mark dans le Vieux-Longueuil le vendredi 21 octobre prendra un tournant artistique grâce à un projet de médiation culturelle.

Responsable du comité organisateur de l’événement, Hélène Bordeleau a présenté les différentes activités lors d’un point de presse tenu mercredi dernier à la bibliothèque Raymond-Lévesque, dans l’arr. de Saint-Hubert.

Entre 18h et 21h30, le parc St. Mark prendra vie avec le Village communautaire et sa trentaine de kiosques, une performance artistique collective, des témoignages de personnes ayant vécu l’itinérance, une marche de solidarité animée par le groupe de percussion Zuruba, le tout accompagné de café, soupe et collations. DJ SVP, avec Pascale Blanchet, assurera la partie musicale.

Président du conseil d’administration de la TIRS, André Bilodeau a rappelé que la conscience de l’existence d’un problème amène la bienveillance et c’est ce qu’il souhaite pour les sans-abri.

«Il n’y a pas un citoyen qui s’est dit un jour que son plan de carrière était de devenir un sans-abri.»
- André Bilodeau, président du conseil d’administration de la Table Itinérance Rive-Sud   

Médiation culturelle

À l’été 2022, un projet de médiation culturelle a été mis sur pied à Longueuil afin d’impliquer les sans-abri, une clientèle généralement exclue par rapport à l’offre culturelle.

Les œuvres réalisées au cours de cette période, des mains sortant d’un cadre, accompagnées d’un texte, sont présentées à la bibliothèque Raymond-Lévesque jusqu’au 6 novembre dans le cadre de l’exposition « L’itinérance : l’errance intérieure ».

Responsable de ce projet et détentrice d’une maîtrise en loisir, culture et tourisme, Émilie De La Durantaye s’intéresse depuis toujours aux bienfaits des arts. 

En compagnie de deux artistes en arts visuels, Emmanuel Laflamme et Cathy Jolicoeur, et d’un artiste en littérature, Emmanuel Lauzon, elle ne cache pas son plaisir d’avoir travaillé avec une clientèle considérée souvent comme difficile. «Les gens étaient très ouverts.»

Pour Emmanuel Laflamme, le succès du projet repose sur le fait d’avoir permis aux sans abri participants de s’exprimer, de se raconter. 

«Ce projet a permis à plusieurs personnes d’ouvrir leur cœur et leur esprit.»
- Cathy Jolicoeur, artiste en arts visuels

Fier de lui

Arborant fièrement une épinglette formée d’un bout de tissu roulé représentant une couverture – une réalisation de Havre –, Christian Chouinard a activement participé à ce projet. Itinérant pendant quelques mois, il habite aujourd’hui à l’Hébergement La casa Bernard-Hubert – Le Relais.

«C’est la première fois que je réalise un projet artistique. Disons qu’à l’école, je n’étais pas le meilleur en arts plastiques», ricane-t-il.       

Pour Christian Chouinard, réaliser une œuvre artistique lui a permis d’exprimer ce qu’il ressent. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

Sa pièce, intitulée Bonheur, montre une main tendue sortant de la nuit ou de l’espace. «J’aime bien l’expression tendre la main», précise Christian. 

Un code QR amène ensuite à une vidéo dans laquelle l’auteur, accompagné de musique, récite le texte qui accompagne l’œuvre : «L’espoir de trouver – L’espoir d’être – L’espoir d’avoir – L’espoir de donner».

Pour lui, l’une des solutions pour aider les sans-abri est de construire davantage de logements sociaux.

Père de deux enfants, l’artiste ne leur a rien dit de son projet. «Je pense qu’ils seront fiers de moi», laisse-t-il tomber.
La Nuit des sans-abri vise à sensibiliser et informer la population à la réalité de la pauvreté et de l’itinérance. Elle se déroulera le vendredi 21 octobre, 18h, au parc St. Mark dans le Vieux-Longueuil.