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Pénurie de logements : évincée pour faire place à un Airbnb ?

le vendredi 22 novembre 2024
Modifié à 15 h 32 min le 20 novembre 2024
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

l’immeuble situé au 2110, rue Régent, à Longueuil, abrite maintenant un Airbnb. (Photo: GoogleMaps)

En pleine pénurie de logements, une ancienne résidente de Longueuil qui habitait un grand 8 ½ dans l’arr. de Saint-Hubert se demande encore aujourd’hui pourquoi son logement est devenu un Airbnb. 

En décembre 2022, France Audet est informée qu’elle doit quitter son logement du 2110, rue Régent, qu’elle habite depuis 4 ans, au plus tard le 1er juillet 2023. «Je payais 950 $ par mois», indique-t-elle. 

L’immeuble de huit logements construit en 1950 est alors acheté par une compagnie à numéro, 9377-6953 QUEBEC INC., dont le premier actionnaire est la compagnie à numéro 9437-6878 Québec inc.  Ces compagnies appartiennent au promoteur immobilier Lingbo Du, propriétaire, entre autres, de l’ancien Motel Oscar. La valeur de l’immeuble est évaluée à 1,1 M$.

Ce n’est pas la première fois que ce promoteur fait l’objet de vives critiques.

Du côté de la Ville de Longueuil, on indique que la grille de zonage pour le 2110, rue Régent à Saint-Hubert est commerciale. «Dans ce cas-ci, le règlement de zonage prévoit que le commerce régional (classe 2) est permis, ce qui inclue l’usage 583, hôtel, motel et maison de touristes. La Ville de Longueuil a donc autorisé la demande de permis en septembre 2023», précise-t-on.

De son côté, la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) a délivré le permis permettant au requérant de louer les chambres de façon légale et conforme. 

Expulsion déguisée?
L’ancienne locataire n’est pas tendre envers son ancien propriétaire qu’elle qualifie de tous les noms et se demande maintenant si elle n’a pas été victime d’une expulsion déguisée. «À la régie du logement, ils nous ont dit qu’il nous fallait une copie de la lettre du nouveau propriétaire concernant l’expulsion et une copie de notre ancien bail.»

Or, selon Mme Audet, les échanges avec le nouveau propriétaire ont toujours été faits au travers d’un intermédiaire, souvent de façon orale. Pour ce qui est de l’ancien bail, elle admet que ce document a malencontreusement disparu dans le déménagement.

Quoi qu’il en soit, elle trouve regrettable qu’en cette période de rareté de logements, un Airbnb a été aménagé dans son ancien appartement. «Quand on passe devant la fin de semaine, on voit des autos avec des plaques d’immatriculation du Vermont, de New York et de l’Ontario. Pendant ce temps, les gens ne peuvent plus se loger.»
Le promoteur n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

Dénonciation
Toute personne qui souhaite déposer une plainte concernant un logement touristique illégal peut le faire en consultant le site de Revenu Québec.