Plongeon dans le passé à la recherche d’une plage disparue
Malgré le fait que la plage de l’île Charron soit fermée depuis 2020 et qu’elle le restera au moins jusqu’en 2024, certains amateurs de baignade n’hésitent pas à s’y rafraîchir à leurs risques et périls lors des épisodes de grandes chaleurs. Les plus vieux se souviennent qu’il y avait autrefois une autre plage publique à l’emplacement de l’actuel parc Le Moyne et de la route 132.
Cette plage naturelle était fréquentée depuis les années 1920. Son ouverture était annoncée dans les journaux. Plusieurs activités y étaient organisées dont des galas de lutte!
Malheureusement, quelques personnes y ont perdu la vie, comme le relatent certains journaux de l’époque.
Le «crib»
À la fin des années 1940 et au début des années 1950, quelques Longueuillois se baignaient aussi près de l’ancien quai du boulevard Quinn. Faute de sable, le club Excel et le Longueuil Boating Club qui y avaient aménagé certains services dont une sorte de piscine en bois qui flottait sur le fleuve et qu’on nommait le « crib » pour les enfants.
Des plans indiquent cependant qu’une plage existait à cet endroit, entre les rues Quinn et Guilbault dans les années 1870.
Pour contrer les inondations
Pendant de nombreuses années, la ville de Longueuil était victime d’inondations désastreuses lorsque le lit du fleuve débordait jusqu’à la rue Saint-Charles. En 1951, malgré la plage appréciée des résidents et des vacanciers, les autorités décident de construire un mur en béton le long du territoire ancien de Longueuil.
La construction de ce mur, jumelé à la construction de la route 132, sonne l’arrêt de mort de la plage qui n’est plus accessible.
Plage sur le Saint-Laurent à Longueuil, 20 mai 1910. (BAnQ P401,S1,P14, Fonds William Murray)
Des galas de lutte étaient organisés à une certaine époque sur la plage de Longueuil. (L’Illustration, 13 juin 1935, p. 19)
La plage de Longueuil était visiblement bien achalandée dans les années 1930. (L’Illustration, 16 juillet 1934)
Le 23 juillet 1937, Gérard Pellerin était sauvé de la noyade par un sauveteur. (L'Illustration nouvelle, 24 juillet 1937, p. 7)
Albert Charretier, 14 ans, s’est noyé à Longueuil. (Le Canada, 26 juillet 1937, p. 16)
Une esquisse pour le futur mur de protection pour contrer les inondations printanières. Selon ce dessin, les plages demeuraient accessibles par des ponceau. (Courrier du Sud, 24 février 1949)
Sur cette photo de quatre adolescentes datant de 1952, on aperçoit en arrière-plan, outre la classique chaise du sauveteur, l’extrémité de l’énorme mur de béton qui avait été construit au début des années 1950 pour contrer les inondations. (Le Monde en images, CCDMD, numéro : 31866)
Témoignages
Sur la page Facebook de Longueuil en photos, plusieurs personnes y vont de leur commentaire :
«C'était la plage que le vieux Longueuil se réunissait les fin de semaines il y avait une cantine mobile avec une annonce de liqueur Crush et il vendait des frites et des hot-dogs.»
– Michel Proulx
«J' y suis déjà allé à la plage dans mon jeune temps et le mur avant la 132 était nécessaire dans ces années-là pour les inondations ce qui n'arriverait plus aujourd'hui car il n'y as plus d'embâcles. J’ai 83 ans.»
– Rejean Gendron
«Un ami m’a déjà décrit le tracé de l’actuel 132 comme un des plus grands crimes commis sur la Rive-Sud: ça a coupé presque complètement l’accès au fleuve au riverains de la Montérégie, de La Prairie à Boucherville. Je dois avouer que je suis assez d’accord, bien que le point de vue sur Montréal, surtout le soir quand on circule sur la 132 est assez spectaculaire aussi…»
- Patrick Deschênes
«Moi je trouve ça bien aménagé. On a accès au bord de l’eau par plusieurs passerelles. Il y a la promenade René-Lévesque, le parc Marie Victorin, le belvédère, la marina. Relié aux pistes cyclable. Plus d’inondation du vieux Longueuil.»
– Jean-Pierre Côté
«C’était un endroit merveilleux! Je me baignais au « crib » au sud du Boul. Quinn. Quelle belle enfance!»
– Lucie Joncas
«On a tout scrappé pour l’industrie automobile et le pire c’est qu’on trouve ça normal. Laideur, impact sur la qualité de vie, la santé, la nature et les animaux et gouffre sans fond des fonds public. Je vais à Varennes régulièrement profiter du bord de l’eau, à Longueuil y’a rien et le peu accessible est enterré par un bruit constant de voitures et camions, c’est pas intéressant d’aller sur le bord du fleuve à Longueuil. Très mauvaise décision qu’on doit assurer collectivement aujourd’hui.» –
Martin Tintin
Sources :
PRATT, Michel, Dictionnaire historique de Longueuil, 2018, p. 439-440
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
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Site internet de la Ville de Longueuil https://archives.longueuil.quebec/#event-e40