Culture
Prix Charles-Biddle à Airat Ichmouratov : faire entendre la Russie au Québec et au monde
le mercredi 11 novembre 2020
Modifié à 19 h 29 min le 11 novembre 2020
Le Longueuillois Airat Ichmouratov, chef d’orchestre et compositeur en résidence de l’Orchestre symphonique de Longueuil (OSDL), a reçu le prix Charles-Biddle 2020 – volet national et international, qui honore les personnes qui ont immigré au Québec et dont l’engagement contribue au développement artistique. Un prix qui lui confirme, après plus de 22 ans au Québec, qu’il est sur la bonne route.
Ce prix met en lumière à ses yeux tout le chemin parcouru depuis son arrivée dans la province. «J’ai commencé comme musicien de rue... J’ai travaillé très fort», relève celui dont les compositions sont aujourd’hui entendues à travers le monde.
Il est arrivé au Québec avec seulement sa clarinette dans les poches, et le désir d’offrir sa musique. C’est le Centre d’arts Orford qui l’a d’abord mené à traverser l’Atlantique et quitter sa Russie natale en 1998.
Sa rencontre avec Yuli Turovsky, fondateur de l’orchestre de chambre I Musici de Montréal, aura été déterminante, au point de le convaincre de demeurer au Québec. «Il a changé ma vie. Il a été un exemple très inspirant pour moi, c’est un musicien tellement extraordinaire. Il m’a aidé énormément. Il est devenu un deuxième père.»
C’en est suivi maitrise en interprétation en clarinette – dirigée par André Moisan, «un extraordinaire virtuose de Longueuil» –, un doctorat en direction d’orchestre et une maitrise en composition; des études qui ont fait de lui «un meilleur musicien», dit M. Ichmouratov.
Clarinettiste, chef d’orchestre et compositeur, il se définit ainsi, d’abord et avant tout : un musicien.
Son parcours professionnel s’est enchaîné entre autres chez les Violons du Roy, comme assistant de Bernard Labadie, puis à l’Orchestre symphonique de Québec, l’Orchestre métropolitain, jusqu’à aujourd’hui, à l’OSDL.
Ses compositions sont jouées par de grands ensembles ainsi que des orchestres nationaux et internationaux.
En parallèle, la formation Kleztory, dans laquelle il est clarinettiste, compositeur et arrangeur, fait voyager la musique klezmer : plus de 1000 concerts, dans 17 pays. Kleztory vient d’ailleurs de faire paraitre un sixième album, Momentum, sous l’étiquette Chandos. «Cet album est une célébration de notre 20e année.»
Maman avait raison
Bien enraciné au Québec, Airat Ichmouratov reconnaît que les œuvres russes demeurent la plus grande influence de son travail. «J’ai grandi avec cette musique, Tchaïkovsky, Prokofiev,… J’ai beaucoup écouté aussi Malher, Wagner, Brahms. C’est mon pays. Peut-être que je suis un peu nostalgique.»
Enfant, il a fréquenté une école de musique pendant plusieurs années. Comme bien des garçons, il aurait préféré se vouer à autre chose et jouer au soccer. Mais sa mère, une femme «stricte» a insisté : tu complètes 8 ans en musique et tu feras ce que tu voudras ensuite.
«Elle pensait que j’étais capable, elle a cru en mon talent. Et elle avait raison! Aujourd’hui, je ne peux pas m’imaginer faire autre chose.» -Airat Ichmouratov, à propos de sa mèreChaque jour ou presque, il pense à sa mère, décédée à la suite d’un accident il y a cinq ans. «Elle est toujours avec moi.» Il repense avec émotion à cette période de sa vie. À la demande de Marc David, à ce moment chef attitré et directeur artistique de l’OSDL, Airat Ichmouratov œuvrait à la création d’une symphonie – sa première – inspirée de moments et personnages historiques de Longueuil. Le troisième mouvement d’On the Ruins of the Ancient Forts «a été beaucoup influencé par ce que je vivais». La pièce a été enregistrée par l’Orchestre de la Francophonie, dirigée par Jean-Philippe Tremblay, et a paru cet été chez Chandos. Première mondiale Le concert de Noël de l’OSDL, qui sera présenté en ligne le 10 décembre, sera l’occasion pour les amateurs de classique d’entendre en première mondiale la plus récente œuvre d’Airat Ichmouratov.