Culture

Si les sculptures pouvaient chanter

le mardi 28 mars 2023
Modifié à 9 h 03 min le 28 mars 2023
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Marc Lalonde, qui travaille sur l’œuvre Les esprits du Saint-Laurent, d’Helen Escobedo.  Capture d’écran du court métrage Le dialecte des sculptures, dont les  images sont de Simon Pagé. (Photo: Gracieuseté – Simon Pagé)

Cueillir des sons. L’image – poétique à souhait – reflète bien la démarche du compositeur Marc Lalonde qui, maillet, archet et baguette à la main, a fait résonner des sculptures d’art public du paysage longueuillois pour créer une œuvre musicale. Il en résulte un court métrage et un album, Le dialecte des sculptures.  

«Les sons étaient là. Ils attendaient d’être ramassés», évoque Marc Lalonde à propos de sa démarche. 

Le compositeur fait ainsi entendre une dizaine des quelque 100 œuvres d’art public de Longueuil, sélectionnées pour leur potentiel acoustique. «Il n’y a pas un morceau de métal qui sonne pareil. C’est une surprise tout le temps», relate le Longueuillois, disant avoir privilégié les sculptures conçues dans ce matériel.

«Je devais passer beaucoup de temps avec chacune d’elles pour faire différents tests, trouver le soft spot, le bon outil.» 

-Le compositeur Marc Lalonde

M. Lalonde nomme entre autres Les esprits du Saint-Laurent d’Helen Escobedo : une sculpture composée de trois armatures d’acier, évoquant des structures de bateaux, située au parc Marie-Victorin. «Chacune des lames de métal qui la compose donne une note distincte.»

Un xylophone, presque. «C’était très riche ce qu’elle avait à offrir», renchérit-il.

En plus de divers outils pour frapper les sculptures, il était muni notamment d’une enregistreuse et d’un microphone de contact, qui révèle le son «de l’intérieur».

Les outils qu’a employés le compositeur. (Photo: Gracieuseté)

Dialogue

Artiste multidisciplinaire – il touche à la peinture, à la vidéo et à la musique et au son –, Marc Lalonde est convaincu que la cohabitation entre les arts ne peut que les enrichir.

«Ces sphères doivent se retrouver, elles ont beaucoup à s’apporter», croit le boursier du Conseil des arts de Longueuil.

Pour le Dialecte des sculptures, le compositeur ne s’est pas contenté de rapprocher deux disciplines, mais aussi de créer un dialogue entre les sculptures elles-mêmes. L’idée lui est apparue en cours de route.

(Photo: Gracieuseté – Simon Pagé)

«J’avais une hypothèse de départ, qui était de faire une vidéo de cinq minutes, où on me voit tapocher des sculptures, pour que ça fasse une toune», résume-t-il de manière amusée.

L’artiste avait déjà abordé une démarche semblable, dans le cadre d’un projet au Danemark.

On lui avait donné carte blanche pour enregistrer des sons en un seul endroit – un squat – pendant cinq jours. Résultat: une performance musicale de 30 minutes. Son œuvre était plutôt rythmée et empruntait aux codes des DJs, puisque sa prestation s’inscrivait dans le cadre d’un spectacle de ces performeurs.

Cette fois, l’exercice l’a mené plus loin.

«J’ai trouvé une manière d’utiliser le son d’une sculpture et de la faire résonner sur la sculpture suivante par réponse impulsionnelle. On n’entend pas la première sculpture, c’est la réponse de la deuxième qu’on entend», précise-t-il.
Il les fait discuter entre elles. «Je trouvais ça beau de les mettre en relation, poursuit-il, alors qu’elles se trouvent d’un bout à l’autre de la ville.»

Sons et images

Son court métrage, dévoilé le 25 mars, rend compte de tout ce processus.

L’album, paru au même moment chez Aquaplanage et disponible sur Bandcamp, donne à entendre des pièces, divisées en mouvements et évidemment toutes instrumentales. 

Dans l’extrait dévoilé sur les réseaux sociaux, la musique que le compositeur a libéré des sculptures comporte de multiples sonorités, quelque peu inquiétantes.

Le compositeur, quant à lui, y appose ces qualificatifs : «planant, hypnotique, méditatif».

 

Marc Lalonde

(Photo: Gracieuseté – Simon Pagé)

Marc Lalonde a récolté une nomination aux Gémeaux en 2017 pour la musique du documentaire Durs à cuire, portant sur les chefs Normand Laprise et Martin Picard. Le film a été présenté au MOMA, à New York. En 2019, La Famille Day s’est retrouvée en nomination à l’ADISQ dans la catégorie «Meilleur album country».
Il a travaillé sur plusieurs documentaires et compte une dizaine d’albums à son actif.

 

Œuvres géolocalisées

La Ville de Longueuil a dévoilé une carte de géolocalisation de toutes les œuvres d’art public qui se trouvent sur son territoire, incluant celles de la collection municipale, des projets d’intégration des arts à l’architecture et les œuvres d’art urbain.

Pour chaque œuvre, la carte dévoile des informations sur l’auteur et la nature de l’intervention et montre quelques photos.