L’arrivée éventuelle d’une trentaine de minimaisons sur un terrain prêté temporairement à la Ville de Longueuil par la Société immobilière du Canada (SIC), le terrain Longue-Rive, en bordure du fleuve Saint-Laurent, inquiète gens d’affaires et plaisanciers qui rapportent une augmentation jamais vue de délits criminels.

Déjà dans ce secteur, plusieurs dizaines de tentes de personnes en situation d’itinérance sont bien installées près du terrain concerné, à proximité de la Halte VR. D’autres campements temporaires sont installés en bordure du parc Marie-Victorin juste à côté de la Marina de Longueuil, une situation qui n’est pas sans avoir causé certains problèmes.

Navark

Chez Navark, qui exploite un réseau de navettes fluviales entre Longueuil et Montréal de même qu’un service de croisières, on indique que la situation n’a jamais été aussi préoccupante depuis 35 ans. «Au cours des derniers mois, nous avons observé une multiplication d’incidents graves : vols majeurs de matériel nautique, vols mineurs à répétition, notamment dans les véhicules, souvent sans intervention policière, cambriolages dans des bateaux commerciaux à plusieurs reprises, rodages fréquents, déclenchements réguliers d’alarmes de mouvement». La liste est longue.

Navark dénonce aussi l’utilisation de bateaux de plaisanciers en cale sèche comme abris ou toilettes, par des personnes non autorisées, des altercations impliquant la clientèle de la marina et l’état dégradé des toilettes publiques du parc Marie-Victorin.

«Les attroupements réguliers (feux de camp, camping prolongé) donnent l’impression que les familles ne sont plus les bienvenues sur les rives de Longueuil», déplore Navark.

Campement d'itinérants
Des dizaines de tentes abritant des personnes itinérantes sont apparues cet été le long du fleuve. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

«Cette insécurité est particulièrement ressentie par notre personnel, qui doit emprunter très tôt le matin ou tard le soir les passerelles piétonnes (Normandie, Marina, Jean-Béliveau). Mal éclairés, entourés de parcs sombres et peu dégagés, ces accès sont devenus des lieux de rencontres indésirables, forçant nos employés et la clientèle, à se déplacer accompagnés. Or, ces passerelles sont essentielles : elles constituent le seul accès par transport en commun ou à vélo», indique Navark.

On ajoute : «Le Parc Marie-Victorin, déjà reconnu depuis longtemps comme un espace difficile, est aujourd’hui devenu encore plus inquiétant.»

Selon Navark, le sentiment de sécurité doit absolument être rétabli en tout temps pour attirer de nouveau les familles et redonner vie aux berges.

Un plaisancier qui désire garder l’anonymat affirme qu’un itinérant a passé l’hiver dernier à l’intérieur d’un bateau qui était recouvert d’une toile de plastique pour la saison hivernale. «En plein hiver, au soleil, il fait chaud là-dedans. Au printemps, quand le propriétaire est venu chercher son bateau, il a eu une méchante surprise. Tout avait été vandalisé à l’intérieur», raconte-t-il.

Vols, intimidation…

Du côté de la Société Rive et Parcs de Longueuil, qui gère la Marina et la Halte VR, on signale plusieurs infractions depuis le début de l’été. «Il y a beaucoup de détresse psychologique. Cet été, une personne se promenait nue dans la Halte VR», raconte Charles Quesnel. En poste depuis trois ans, le directeur se veut quand même rassurant. «Il y a plus d’itinérants qui se sont installés le long du fleuve, mais il me semble y avoir moins d’interventions.»

Marina de Longueuil
Plusieurs bateaux amarrés à la Marina de Longueuil ont été cambriolés cet été. Mais les plaintes déposées auprès de la police sont rares. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

«On se fait voler beaucoup de rallonges électriques. Il y a des introductions dans des bateaux. Il y a aussi des chicanes entre itinérants et d’autres qui se masturbent en public. C’est très dérangeant pour la clientèle», explique de son côté Bruno Hamelin, directeur des opérations à la Marina.

M. Hamelin ajoute que quelque 2600 touristes réservent leur emplacement annuellement à la Marina et à la Halte VR afin d’admirer L’International des Feux Loto-Québec de La Ronde et de participer aux nombreux festivals tant à Longueuil qu’à Montréal.

Même histoire au restaurant Quai 99, où des chaises et des réchauds laissés sur la terrasse disparaissent régulièrement. «Je me suis fait voler aussi à l’intérieur. J’ai dû embaucher un portier car certains soirs, des itinérants bruyants veulent entrer pour aller aux toilettes ou je ne sais quoi. En treize ans, je n’ai jamais vu cela. Mais ce qui m’inquiète, c’est la sécurité de mes employés et de mes clients», explique le propriétaire Danick Lapointe.

Il demande maintenant à des employés masculins de raccompagner leurs collègues féminines à leur voiture. «Le stationnement n’est pas très bien éclairé et quelques-unes de mes serveuses ont été intimidées cet été», soutient-il.

Au début de la saison estivale, Quai 99 offrait gratuitement des repas aux itinérants du secteur afin d’éviter le gaspillage alimentaire. «Mais on m’a déconseillé de poursuivre dans cette voie en me prévenant que certains itinérants étaient pour s’installer de manière définitive près de mon restaurant», indique M. Lapointe.  

Une altercation

M. Lapointe mentionne aussi une «tentative de meurtre» cet été qui a entraîné la fermeture de la seule voie carrossable menant à son restaurant. «On est allé chercher une centaine de clients dans le Vieux-Longueuil et les avons accompagnés sur la passerelle. Ce fut toute une soirée!» lance-t-il en ajoutant que la passerelle et l’espace où sont les ascenseurs sont souvent souillés d’urine et de défécations humaines. 

Vérification faite auprès du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), des patrouilleurs ont été appelés le 14 juillet à intervenir aux abords de la Marina de Longueuil, en lien avec une altercation impliquant une arme blanche. Une femme âgée dans la trentaine, blessée au niveau d’une main, a été prise en charge pour des soins hospitaliers. Une femme âgée de 29 ans qui avait fui les lieux a finalement été interpellée et arrêtée par des policiers.

Selon le SPAL, le contrôle du périmètre par les policiers s’est effectué entre 16h20 et 18h10.

Peu d’interventions, selon la police

Selon les chiffres fournis par le SPAL, le nombre de cartes d’appel initiées à la suite d’une demande d’intervention pour vols et méfaits dans ce secteur n’était pas très élevé entre juin et août 2024, ni pour la même période en 2025.

On ne signale aucun appel pour le restaurant Quai 99 durant cette période. Du côté de la Marina, on ne rapporte aucun appel entre juin et août 2024 et seulement deux appels durant la même période en 2025, soit une pour une intervention pour vol par effraction et une autre pour méfaits.

Chez Navark, le SPAL évoque une intervention entre juin et août 2024 et deux pour la même période en 2025.

«Des visites régulières des lieux sont faites par nos policiers, en collaboration avec nos partenaires sociaux. On n’y soulève pas, de ces interventions, de problématique spécifique qui se dégage de nos constats», affirme le SPAL.

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