Depuis un an, les nuits sont parfois difficiles pour Sylvain Dansereau. «Le hamster tourne. Je me demande : on fait quoi?» exprime-t-il au Courrier du Sud, tandis que l’avenir de son bar laitier, le Blanche Neige, une enseigne réputée dans le quartier Laflèche de l’arr. de Saint-Hubert, est en jeu.
Établi depuis 1980 dans ce secteur de Longueuil, le Blanche Neige se situe dans un local d’un immeuble commercial d’un étage, aux côtés du restaurant Chez Manuel, lui aussi menacé depuis que l’immeuble a été vendu à la fin 2024.
Si les deux commerces détenaient chacun un bail qui venait à échéance après 2030, le nouveau propriétaire a décidé de mettre fin au bail avant l’échéance, ce qui est dans son droit. «Le nouveau propriétaire a généralement le droit de mettre fin au bail. Il n’a pas besoin d’une raison particulière. Le nouveau propriétaire doit seulement respecter certains délais», est-il expliqué sur le site d’Éducaloi.
«Nous, ça fait 18 ans qu’on se donne corps et âme, on a donné une partie de notre vie là, pour se faire ramasser du jour au lendemain», témoigne cependant Sylvain Dansereau. Selon lui, le nouveau propriétaire aimerait ériger un projet résidentiel sur les lieux.
Celui-ci explique par ailleurs qu’avant la vente, il était lui-même en réflexion pour acheter l’immeuble, vendre le bar laitier ou les deux.
Il déplore ne pas avoir été informé de la vente de l’immeuble et assure qu’il avait informé l’ancien propriétaire de ses intentions. «Même là, j’en parle, j’en rage», admet-il un an plus tard.
Pétition
Le bail devait donc venir à échéance le 31 décembre 2025, mais a finalement été repoussé d’un an, le 31 décembre 2026.
En attendant, Sylvain Dansereau poursuit son combat. Il a notamment lancé une pétition pour empêcher un changement de zonage de commercial à résidentiel et tente d’obtenir l’appui des autorités locales.
En date du 24 octobre, la pétition a recueilli plus de 7 500 signatures et a été partagée plus de 400 fois depuis la page Facebook du bar laitier.

Malheureusement pour lui, le zonage actuel sur le boul. Grande-Allée permet à la fois un usage commercial ou résidentiel. «Aucun changement de zonage n’est nécessaire pour un propriétaire souhaitant développer des logements à cet endroit, car cela est permis par le zonage actuel», informe la Ville de Longueuil.
Celle-ci ajoute toutefois «qu’aucune demande de permis n’a été déposée par le propriétaire pour l’instant».
Quant aux intentions du nouveau propriétaire, Soufianne Ben Tekaya, elles ne sont pas connues à l’heure actuelle. Le gestionnaire de l’immeuble désigné par M. Ben Tekaya, Stéphane Garand, a répondu au Courrier du Sud qu’il n’était «pas intéressé de discuter de quoi que ce soit.»
Un acheteur pour le bar laitier
Sylvain Dansereau se désole par ailleurs parce que sa conjointe et lui avaient réussi à trouver un acheteur pour le Blanche Neige, un homme qui était déjà dans le domaine des bars laitiers. «Je ne voulais pas le laisser dans les mains de n’importe qui», indique-t-il.
Mais lorsque l’immeuble a été vendu, avec l’incertitude autour de la suite des choses, tout le processus a été mis sur pause.
N’empêche, Sylvain Dansereau est conscient qu’une éventuelle fermeture n’aurait pas seulement un impact sur sa vente.
«C’est sûr qu’on pense à nous, mais avant d’être propriétaires, on était clients! C’est ma conjointe qui me l’a fait découvrir et ç’a été le coup de foudre! J’ai tellement aimé la compagnie que je l’ai achetée!» raconte-t-il.
D’ailleurs, depuis la mise en ligne de la pétition, il ne compte plus les témoignages de clients ou d’anciens clients du Blanche Neige.
«Les gens viennent de Sorel, de Lachine pour venir ici. Des gens de deux, trois générations viennent chez nous. On va dans le Sud et les gens reconnaissent ma conjointe, ils disent : ah madame Blanche Neige, on va souvent à votre bar laitier! Je ne peux pas concevoir que nos noms de ma conjointe et moi soient associés à la fermeture du Blanche Neige», poursuit-il.
Espoir
Avant de terminer l’entrevue, Sylvain Dansereau assure qu’il garde espoir pour l’avenir du Blanche Neige et évoque un possible rachat de l’immeuble.
«J’ai toujours dit que je ne veux pas faire mourir ça. Le pire scénario serait de déménager, mais avec les coûts, de trouver un emplacement avec la même dimension dans le secteur, je ne veux pas que ça arrive», soutient-il.

