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Cerfs : les Longueuillois veulent passer à d’autres dossiers, selon la mairesse

le mercredi 17 janvier 2024
Modifié à 14 h 06 min le 17 janvier 2024
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Menacé de mort, invectivé à l’épicerie, le chef de la majorité Jonathan Tabarah a dénoncé le comportement de certains citoyens. (Photo: Page Youtube de la Ville de Longueuil)

La période de question de la séance du conseil municipal de Longueuil du 16 janvier a été encore une fois grandement utilisée par des intervenants opposés à l’abattage prévue d’une centaine de cerfs du parc Michel-Chartrand à compter de l’automne prochain. 

Dans des interventions parfois théâtrales dénonçant la position de la Ville qui, rappelons-le, a récemment remporté un procès en Cour supérieure sur le sujet, les cinq personnes concernées ont tenté de soulever plusieurs questions.

Ainsi, après avoir vivement dénoncé, entre autres, la méthode préconisée par la Ville (les cerfs seront abattus à l’arbalète), Jean Lapierre a demandé si les citoyens pouvaient compter sur la collaboration des élus pour trouver une solution digne de 2024.

Plusieurs intervenants, dont Jean Lapierre, sont revenus sur le dossier des cerfs du parc Michel-Chartrand. (Photo: Page Youtube de la Ville de Longueuil) 

Puis, Sophie Royer a demandé pourquoi la Ville n’avait répondu à la Ville de Sainte-Justine-de-Newton qui, le 8 février 2022, affirmait être prête à accueillir les cerfs de Longueuil?

De son côté, René Grignon a dénoncé l’absence de débat concernant les cerfs du parc Michel-Chartrand.  «Dans l’ancienne administration, il y avait cinq conseillers qui étaient contre l’abattage. Aujourd’hui, dans cette nouvelle administration, il n’y a personne qui se lève. Il n’y a pas de débat.» 

«Quand les cerfs vont sortir en panique du parc, ces images vont faire le tour du Canada», a-t-il prédit.

Enfin, Dominique Lévesque et Nicole Larochelle ont affirmé qu’elles n’avaient pas eu de réponses à leurs questions.

Le temps de passer à autre chose
En réponse, la mairesse Catherine Fournier s’est dit convaincue que le dossier des cerfs est celui dont il a été le plus question au conseil depuis longtemps. 

«Moi je pense que les payeurs de taxes de Longueuil s’attendent à ce qu’on traite d’autres dossiers. Alors on a hâte de passer à autre chose.»
- Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

Revenant sur un article du Devoir qui soulignait la mauvaise condition des cerfs, la mairesse a été vivement chahutée par quelques personnes, ce qui a provoqué la suspension de la séance durant quelques instants. 

Par la suite, Mme Fournier a continué calmement ses explications en invitant le gens à écouter une entrevue du Dr Jean-Pierre Vaillancourt, professeur titulaire à la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal, avec Patrick Lagacé sur les ondes du 98,5 FM le 13 décembre, où contrairement à ce qu’a affirmé l’un des intervenants, il explique pourquoi la Ville a raison dans ses démarches.   

Mme Fournier est ensuite revenue sur la question du permis, et sur l’offre de Sainte-Justine-de-Newton. «Ce n’est pas parce qu’une Ville nous offre d’accueillir nos cerfs que la Ville de Longueuil peut déplacer des cerfs. La Ville ne peut pas agir sans permis.»

Concernant une éventuelle stérilisation des cerfs, la mairesse souligne que le parc compte déjà 120 cerfs et qu’il ne peut soutenir un tel nombre. Elle est ensuite revenue sur le reboisement – 10 000 arbres ont été coupés en raison de l’agrile du frêne – et la protection des autres espèces animales. «C’est important quand on parle de biodiversité.»   

Menaces de mort
Le chef de la majorité Jonathan Tabarah a dénoncé de son côté le comportement émotif dans un dossier rationnel soutenu par l’Ordre des vétérinaires du Québec, l’Ordre des biologistes du Québec et le Comité d’éthique de l’Université de Montréal. «Catherine et moi on a eu des menaces de mort. J’ai été invectivé à l’épicerie», d’affirmer M. Tabarah.        

Tentant de ménager la chèvre et le chou, le chef de l’opposition Jacques Lemire, en faveur par le passé de l’abattage des cerfs, a demandé d’avoir accès à plus d’informations sur la question afin de se faire une meilleure idée. 

Le chef de l’opposition de Longueuil, Jacques Lemire, qui a déjà voté en faveur de l’abattage des cerfs, demande maintenant plus d’informations sur le dossier. (Photo: Page Youtube de la Ville de Longueuil)

À la fin de la séance, M. Lemire est revenu sur le dossier, rappelant qu’il avait voté en faveur de l’abattage en 2018 ou 2019. «Le temps a passé. On entend plein de choses d’autres villes, d’autres provinces. J’imagine que ce n’est pas toutes des menteries ce qu’ils disent, les citoyens. Il y a sûrement des affaires de vraies là-dedans. Je ne le sais pas, je ne suis pas un expert là-dedans. Je deviens tout mêlé. C’est-tu la Ville qui a raison? C’est-tu les citoyens qui ont raison?»    

Rappelons que l’opération d’abattage des cerfs débutera à l’automne.