Dans le rétroviseur
Une collaboration spéciale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)
Par Etienne Poulin-Goyer, bibliothécaire à BAnQ
Au cours de la décennie 1950, de nombreuses levées de fonds sont organisées au Québec. La tendance à pratiquer des activités en formule « marathon » gagne peu à peu en popularité. Longueuil et ses environs sont alors le théâtre de concours d’endurance inusités.
Les activités de collectes de fonds ne datent pas d’hier; recueillir des dons pour des œuvres caritatives est monnaie courante au Québec. À titre d’exemple, en 1937, une campagne de financement intitulée « heure de la charité » est radiodiffusée chaque soir pendant une semaine aux studios de Radio-Canada.

« L’heure de la charité ce soir », La Presse, 16 avril 1937, p. 3.
L’émergence des activités de type « o-thons » est plus difficile à dater. L’un des événements significatifs de la décennie 1950 est un « pianothon » organisé par le virtuose André Mathieu en décembre 1954 à Montréal. Ce dernier enchaîne alors pendant plus de 21 heures des pièces de son répertoire et des mélodies improvisées, pour le plus grand bonheur d’une foule admirative.

André Mathieu. Archives nationales à Montréal, fonds La Presse.
S’enclenche peu après cet événement un bal de marathons divers : lançothon, bercethon, dansethon, roulethon, etc. Déjà, à l’époque, des journalistes critiquent cette tendance. Ainsi peut-on lire « Poteauthon, lançothon, pianothon, une vague de folie déferle sur la métropole du pays » dans Le Nouvelliste (10 juillet 1957). Alors que ces défis visent souvent à amasser des fonds pour une cause, ils sont aussi une opportunité pour citoyens et citoyennes de toucher un revenu et d’accéder à la gloire en tentant d’inscrire un record du monde!

Bercethon à Verdun, 1984. Archives nationales à Montréal, fonds La Presse.
Viser le ciel…
L’un des marathons les plus spectaculaires de l’année 1957 se déroule à Longueuil, alors qu’André Lamoureux entreprend un poteauthon. À partir du 9 juin et pour une durée de 24 jours, ce dernier loge sur une toute petite plateforme au sommet d’un poteau de 15 mètres. C’est dans le stationnement du garage de Wilfrid Généreux, au 2159, chemin Chambly, que se déroule l’exploit de l’homme bientôt connu comme le « héros du poteauthon de Jacques-Cartier ».

André Lamoureux. Le Courrier du Sud, 11 juillet 1957, p. 4.
… et atteindre le fond du baril
Mais la gloire de Lamoureux est de courte durée. Deux mois plus tard, il entreprend un « barilthon ». Son défi consiste à demeurer dans un tonneau submergé dans l’eau durant 30 jours. Or, il s’avère que la performance est une supercherie; l’événement truqué est démantelé par la police de Jacques Cartier cinq jours après son lancement, ce qui mine la réputation du héros déchu.

Supercherie magistrale à Jacques Cartier, Dimanche-Matin, 29 septembre 1957.
Outre ces événements, les journalistes assurent la couverture de plusieurs autres « o-thon » à Longueuil au cours de la même période : un lançothon organisé au terrain de l’OTJ de Saint-Pierre Apôtre en 1955, un radiothon présenté en 1958 à CKVL ou encore un grand dansethon planifié à la salle Sainte-Foy en 1961. Puis, ce sera au tour des patinthons, marchethons et autres quillothons. Vous rappelez-vous l’un de ces événements surprenants?
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