ÉPREUVE. Si, dans les premières 30 minutes de son périple au Machu Picchu, on avait offert à Régine Surpris d’embarquer à bord d’un hélicoptère et de retourner à la maison, elle aurait dit oui. Aujourd’hui, elle est pourtant fière d’avoir réalisé ce qui relève de l’exploit: 12 jours de trekking en altitude, alors qu’elle est atteinte de la sclérose en plaques.

«T’es à bout d’être à bout, résume l’Hubertine pour qualifier son voyage, qu’elle considère comme l’épreuve la plus difficile qu’elle ait vécue. Tu es toujours à fond, tu dépasses constamment tes limites. T’as beau être fatiguée, pleurer, tu dois marcher jusqu’au prochain campement.»

Ces 66 kilomètres et 12 jours de trekking, réalisés pour amasser des fonds pour la Société canadienne de la sclérose en plaques, ont été éprouvants pour toute l’équipe qui a pris part à l’aventure, remarque Régine, qui a fait le voyage avec sa sœur et une amie. Mais elle admet que sa condition physique lui donnait un défi supplémentaire.

Aux efforts physiques et aux conditions difficiles – les nuits froides dans une tente, les levers aux petites heures, les risques de marcher sur des excréments de lama (!) – s’ajoutait aussi le facteur altitude. Avec ses 4600 mètres, le col de Cuncani a été le point le plus haut atteint par l’équipe.

«Quand on est arrivé à Cusco, on était à 3300 mètres d’altitude. Disons que je ne pouvais pas faire de mouvements trop rapides», raconte Régine.

Une chance unique

Malgré tout, elle a savouré chaque moment de ce voyage, appréciant sa chance de se retrouver en pleine montagne péruvienne ou au Machu Picchu, un lieu «spectaculaire, unique et sublime».

«J’ai passé tout le séjour à pleurer, mais j’ai ri en masse aussi! C’était le festival de la bipolarité, image-t-elle. J’essayais de m’imprégner de tout: les paysages sont exceptionnellement beaux et aucune photo ne leur rend justice. Je devais en profiter.»

Elle a beaucoup apprécié le contact avec l’équipe locale d’accompagnateurs, qui les guidaient tout au long de leur itinéraire.

Dur retour

Le retour au pays s’est aussi révélé un défi pour Régine Surpris: extrême fatigue, difficulté à marcher, fourmis du côté gauche, incapacité à lever un bras. Elle craignait être allée trop loin avec ce trekking extrême, mais depuis, elle peut tranquillement récupérer.

«Ce voyage m’a permis une prise de conscience de mes limites. C’est super difficile à accepter. De voir à quel point j’avais besoin de gens autour de moi là-bas, je suis forcée de faire le deuil de la femme indépendante et autonome que j’étais. C’est à ça que j’ai été confrontée pendant tout le voyage.»

Peu de temps après avoir reçu son diagnostic de sclérose en plaques, il y a plus d’un an, elle s’était consacrée à la préparation de ce voyage, laissant peu de place à la réflexion.

Celle qui a toujours été une femme d’action se donne maintenant comme prochain projet de se reposer, et de s’occuper d’elle-même et de ses proches.