La femme qui a été arrêtée à la suite de l’abandon du nouveau-né dans un abribus à Longueuil a passé une partie de la nuit à la Halte du Coin.
Elle est arrivée au refuge vers 3h du matin, puis a somnolé sur une chaise jusqu’à 8h, sans ne dire mot à personne et sans se plaindre. «Elle était dans le lobby, ce qui est la halte-chaleur, car les lits sont toujours pleins à craquer», informe le directeur Pierre Rousseau.
Il l’a vue vue lorsqu’il est arrivé à son lieu de travail, à 8h. La chaise où elle se trouvait étant proche de son bureau, il l’a saluée. «Je n’ai rien noté de spécial», indique-t-il.
«Lorsqu’elle s’est levée, c’est là qu’on a vu que quelque chose n’allait pas», ajoute-t-il, précisant ne pouvoir donner plus de détails en raison de l’enquête en cours.
Rappelons qu’une personne a appelé le 911 peu après 6h30 pour signaler la présence du nouveau-né dans l’abribus.
M. Rousseau se garde aussi de mentionner si la femme de 33 ans avait été vue auparavant à la Halte du coin.
Plus grand niveau de détresse
Selon les observations de Pierre Rousseau, les femmes ont toujours fait partie du portrait de l’itinérance sur la Rive-Sud. Il ne note pas une particulière hausse de leur présence, mais évoque un niveau de détresse plus élevé.
«En itinérance, tout le monde est en mode survie. Mais les femmes, c’est peut-être un peu plus. Pour survivre, tu dois te coller à un plus fort que toi pour te défendre, ou parler plus fort.»
Les femmes représentant 20% des personnes visitant la Halte du coin.
Depuis deux ans et demi que M. Rousseau œuvre en première ligne pour les personnes en situation d’itinérance. «La situation ne décroît pas, la liste s’allonge.»
Il constate que le discours qu’il tenait il y a quelques années, réclamant plus de fonds pour venir en aide à cette population vulnérable, est en train de changer.
«J’en ai un petit peu marre. J’en suis à me demander si on ne fabrique pas de la pauvreté. Le robinet de l’itinérance est arrivé à son maximum. Et ce n’est pas un enjeu qui peut se régler à la hauteur des villes. Ce n’est pas juste à Longueuil, à Montréal, à Québec, c’est partout. Ce devrait être un chantier national», lance-t-il, appelant à une intervention plus soutenue du provincial.
Il souligne au passage le grand soutien de la Ville de Longueuil dans ce dossier. «Longueuil fait sa job all the way. Il y aura encore une roulotte près du métro, la Ville dégage trois, quatre personnes pour l’itinérance, le SPAL fait un bon travail aussi.»

