Société philatélique de la Rive-sud : cultiver l’intérêt d’un passetemps en mal d’amour

Relique d’une époque passée pour certains, objet oublié ou carrément inconnu pour d’autres, le timbre et la philatélie en général traversent une période difficile. Fondé en 1949 par Hilaire Sainte-Marie, la Société philatélique de la Rive-sud est toujours bien vivante à Longueuil. Portrait d’un organisme qui se consacre depuis près de 75 ans à la découverte du monde philatélique.

Sous la présidence depuis un an de Jean-Pierre Picard, ex-animateur-jeunesse et ex-directeur d’école, l’organisme qui vient d’emménager dans un nouveau local à la Maison Le Réveil, rue Saint-Jacques à Longueuil, regroupe bon an mal an une cinquantaine de membres, de l’amateur curieux au connaisseur passionné. 

«Nous organisons des conférences, des soirées thématiques, un encan silencieux, même un bingo-philatélique, indique le président. Nous visitons aussi Orapex, l'exposition philatélique nationale à Ottawa.»

À ses côtés, Martin Fillion, qui a été président de la Société de 2010 à 2021, se dit heureux de la stabilité de l’organisme qui compte sept personnes sur son conseil d’administration.

Déclin
Selon M. Picard, l’arrivée du courriel et du même coup d’Internet dans les foyers au cours des années 1990 a fait mal aux timbres qui ont pratiquement disparu de l’espace public. «Pratiquement plus personne n’envoie ou ne reçoit de lettres avec un timbre», relève-t-il.

Il fait remarquer que Postes Canada s’est adapté à la situation. «Dans les années 1970, les timbres étaient émis à coup de 20 millions d’exemplaires. Aujourd’hui, la plupart des émissions en compte dix fois moins», signale l’expert.

Optimiste, le président souligne que 10% de la population collectionne quelque chose.  «Notre rôle ici et de faire découvrir à tous la philatélie et il faut trouver des moyens pour intéresser les gens», s’enthousiasme. M. Picard.

Quand on lui demande quel timbre canadien est son préféré, l’ancien directeur d’école réfléchit un peu avant d’ouvrir le catalogue Unitrade et de pointer le timbre Moisson de 1929 (#157). «J’ai toujours eu un faible pour ce timbre de vingt sous», avoue M. Picard.

À l’état neuf, ce timbre est évalué aujourd’hui à 150$.     

Moisson (1929) est le timbre préféré du président de la Société de philatélie de la Rive-sud. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

Thématiques
L’amateur qui veut démarrer une collection de timbres n’est pas obligé de tout collectionner. Certains développent des collections par thématique comme les oiseaux ou les bateaux, souligne M, Fillion.

«Les timbres de l’Ukraine sont présentement très recherchés.»
- Jean-Pierre Picard, président de la Société philatélique de la Rive-sud

Et Longueuil?
Parmi les personnalités de Longueuil qui ont été honorées par Postes Canada, on retrouve l’ancien capitaine des Canadiens de Montréal Jean Béliveau (2001 - Collection thématique), (2017 - #3026b) et l’auteur-compositeur-interprète Robert Charlebois (2009 – #2334d), qui a longtemps résidé à Longueuil selon M. Fillion.

Plus récemment (2019), deux timbres rendant hommage à l’apport de Longueuil au programme Apollo ont été lancés dans les locaux de la firme Héroux-Devtek (#3189i).

M. Picard souligne l’exploit de la jeune Marie-Annick Viatour qui, en 1978, a remporté le Premier prix de dessin L’arbre de vie pour l’agenda Unicef.

Jean-Pierre Picard montre le pli premier jour du timbre Enfant arrosant l'arbre de vie (1979), signé par l’artiste qu’est devenue Marie-Annick Viatour, bien connue à Longueuil.  (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

«L’année suivante, la Société canadienne des postes – c’était le nom de Postes Canada à l’époque – a choisi ce dessin pour illustrer le timbre de l’année internationale de l’enfant (1979 - #842). Elle n’avait que dix ans», indique-t-il en sortant avec précaution de son sac un pli premier jour du timbre en question signé par l’artiste.

Artiste, Marie-Annick Viatour l’est demeurée, alors qu’elle crée avec Gaétan Berthiaume sous le nom de Viatour-Berthiaume depuis 20 ans.

De son côté, l’ancien président regrette qu’il n’y ait jamais eu de timbre pour honorer Longueuil. «Par exemple, on aurait pu commémorer les 300e anniversaire de Longueuil en 1957, mais rien n’a été fait», déplore M. Fillion.  

Un encan silencieux est en cours au local de la SPRS. C’est l’occasion de se procurer des timbres à d’excellents prix. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

Le local de la Société est ouvert du lundi au vendredi, de 13h30 à 16h30. L’inauguration officielle aura lieu en septembre.