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Triple meurtre à Brossard : «À partir du 25 septembre 2022, ma vie s’est écroulée»

Il y a 2 heures
Modifié à 14 h 46 min le 18 décembre 2024
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Synthia Bussière et ses enfants Zak et Eliam en compagnie de sa mère Sylvie Guertin et son conjoint Jean Guy Durand à leur dernier Noël ensemble en 2020. (Photo gracieuseté)

«Lorsque je suis partie au cimetière pour leur dire un dernier au revoir, j’ai vraiment réalisé que je ne les reverrai plus jamais». Sylvie Guertin, la mère de la victime, a pris la parole dans le cadre des observations sur le peine de Mohamad Al Ballouz, le 18 décembre.

Celui qui se présente comme une femme et qui se nomme maintenant Levana Ballouz a été reconnu coupable du meurtre prémédité de ses enfants Eliam et Zak, du meurtre non prémédité de sa conjointe Synthia Bussière et d’incendie criminel le 16 décembre, au terme d’un procès devant jury qui a duré cinq semaines.

Mme Guertin a partagé au Tribunal la douleur qu’elle a ressentie dans les jours qui ont suivi le meurtre de sa fille et de ses deux petits-fils.

«Je n’ai pas les mots pour exprimer les répercussions que les gestes de Mohamad Al Ballouz ont eues sur ma vie et celle de ma famille, a-t-elle confié. La souffrance qui m’habitait est indescriptible. Je me rappelle des cris de douleur qui sont sortis du corps de ma fille Tania lorsqu’elle a appris que sa sœur était décédée.»

Elle a raconté ne pas avoir été capable d’arrêter de pleurer. Elle n’arrivait pas à dormir, sa concentration était affectée et elle se sentait impuissante.

«Le sentiment de peur m’a envahie en pensant aux gestes que Mohamad Al Ballouz a faits sur ma fille, a-t-elle dénoncé. Cela me perturbe encore.»

Le juge Eric Downs a exprimé sa compassion envers Mme Guertin, l’a remerciée d’avoir partagé ses émotions et lui a souhaité la paix.

Douze déclarations d’impact provenant de proches de Synthia Bussière et des premiers répondants ont été soumises au juge.

«Les facteurs aggravants sont les traumatismes et les séquelles psychologiques subies à la famille, aux proches ainsi qu’aux premiers répondants, a évoqué Me Eric Nadeau, procureur de la Couronne. Non seulement sur leur bien-être personnel, mais aussi dans leur vie de famille et au niveau professionnel.»

Levana Ballouz a reçu une sentence de prison à vie pour le meurtre prémédité de ses enfants et ne pourra pas demander de libération conditionnelle avant 25 ans. Pour le chef de meurtre non prémédité de Synthia Bussière, la Couronne suggère entre 18 et 22 ans, mais compte tenu de la culpabilité sur le meurtre prémédité de ses enfants, les peines sont concurrentes.

«C'est terminé!»

En raison de l'article du code criminel qui prévoit que le tribunal donne au délinquant la possibilité de lui présenter ses observations avant de déterminer la peine, Levana Ballouz a pris la parole pour s'adresser à la cour.

Voulant à nouveau donner sa version des faits même si le juge lui avait mentionné que ce n'était plus l'endroit pour le faire, l'accusée a commencé à dénigrer la relation que Synthia Bussière avait avec sa mère. Aussitôt, le juge Downs l'a arrêté et il a évalué sa déclaration en délibéré.

Estomaquée par les propos de l'accusée, Mme Guertin et ses proches sont rapidement sortis de la salle.

«Il voulait vraiment me pourir la vie jusqu'à la fin», s'est-elle insurgée.

À son retour, le magistrat a tenu des propos sévères envers l'accusée et l'a interdit de ne plus faire quelconque observation orale.

«Le Tribunal a constaté que les observations de l'accusée référaient essentiellement à des éléments inadmissibles[...], a indiqué le juge. Mais plus imporant encore, le Tribunal a constaté que les observations de l'accusée contiennent des propos diffamatoires, calomnieux et odieux.»

L'accusée a tenté de justifier ses propos avant que le juge ne l'arrête à nouveau.

«C'est terminé!», a-t-il conclu.

«Il a peut-être réussi à enlever ma fille et mes petits-enfants de ma vie, mais il ne réussira jamais à m’enlever les souvenirs que j’ai d’eux.»

-Sylvie Guertin