Le Vendredi fou est possiblement la seule journée de l’année où Boom Liquidation livre une bataille moins féroce à ses compétiteurs, avance Mathieu Baron, le propriétaire du commerce du boul. Taschereau, à Longueuil. Pourquoi? Car son modèle d’affaires lui permet d’offrir des bas prix à l’année.
Cet établissement est implanté dans l’arr. de Saint-Hubert depuis près de sept ans, soit bien avant que les épiceries à rabais connaissent la popularité actuelle.
Dans cet établissement vendant tant des jouets, des petits électroménagers que des produits d’hygiène, la nourriture a fait son entrée sur les tablettes depuis quelques années à peine. Les produits réfrigérés et congelés sont sur le plancher depuis un an seulement.
«Il y avait vraiment une grosse demande des clients. L’inflation touche tout le monde, évoque Mathieu Baron. La nourriture, c’est la plus grosse partie de mon chiffre d’affaires. Et ça poursuit notre mission, qui est d’éviter le gaspillage.»
Si Boom Liquidation a ouvert presque un magasin par an depuis la dernière décennie, M. Baron ralentit pour l’instant la cadence.
«On veut bien assurer la transition avec les frigos et congélateurs. C’est un gros challenge pour nous. Ce sont 150 congélateurs en tout, une chambre froide dans chaque magasin.»
Engouement bienvenu
En matière d’alimentation, Boom Liquidation s’approvisionne directement chez les fabricants et se procure des produits secs dont la date «meilleur avant» approche.
«Quand cette date est dans moins de 90 jours, ils ne peuvent plus les vendre aux épiceries régulières. Alors on les achète à rabais. En 10 ans, j’ai accumulé beaucoup de contacts dans les grandes compagnies», explique-t-il.
Au bout d’une allée, des conserves de jus de tomate sont offertes, à l’achat de 2, la moitié du prix de l’offre actuelle dans un magasin grande surface.

M. Baron assure qu’il s’agit toujours d’une date «meilleur avant» et ne constitue pas une date limite d’utilisation, le tout dans le respect des règles de du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.
Il constate que certains consommateurs doivent encore être informés à cet égard, mais que de plus en plus sont ouverts à acheter ce type d’aliments. Il voit d’ailleurs d’un bon oeil l’engouement pour les épiceries à rabais et leur multiplication.
«Le marché grossit, et c’est une bonne chose. Ça vient éduquer le marché», relève-t-il.
Les prix de plus en en plus élevés dans les épiceries régulières amènent aussi dans son magasin une clientèle variée, incluant ceux «qui ont les moyens».
Dans les congélateurs, on retrouve des produits destinés au détail et aux restaurateurs, entre autres des pièces de viandes et du poisson. Un simple emballage sous vide, sans marketing, permet d’éviter certains frais.
«Les gens croient parfois qu’on vend juste de la malbouffe, mais ce n’est pas vrai», souligne Mathieu Baron.
On retrouve aussi des produits qui ne pourraient être vendus autrement, par exemple un sac de bouts de brochettes de poulet dont les morceaux de viande ont été séparés de la baguette, ou encore des sections de baguette cassées.

De plus, des produits frais congelés tout près de la date «meilleur avant» peuvent voir leur vie prolongée une fois congelés.
Quant aux produits réfrigérés, leur date «meilleur avant» n’est ni dépassée ou proche de l’être. M. Baron confirme qu’il peut offrir néanmoins des prix compétitifs. «Ma marge est moins élevée que dans les épiceries, car je prends de petites quantités que je sais que je pourrai écouler. Les épiceries prennent plus de volume et calculent le gaspillage.»
Retours et invendus
Quant au reste de la marchandise offerte, elle est constituée des invendus, emballages endommagés et retours de clients, de chez Walmart et Costco.

Les petits électroménagers, tout comme les téléviseurs, sont revendus après avoir été «testés, vérifiés et inspectés» par des compagnies mandatées par les grandes entreprises.
«Ça arrive souvent que des gens retournent leur télé neuve, une semaine après le Super Bowl», illustre Mathieu Baron.
Dans son garage
L’entreprise Boom Liquidation est née en quelque sorte dans le garage de Mathieu Baron, il y a dix ans. «J’ai acheté une palette de produits qui étaient des retours, et je l’ai vendu dans mon garage, en l’annonçant sur Kijiji. Quand j’ai vu la demande, j’ai loué un petit entrepôt, tout en gardant mon emploi, aux Pages Jaunes. Et j’ai ensuite lancé le premier magasin à Saint-Jean-sur-Richelieu».

