C’est au centre sportif Rosanne-Laflamme que la mairesse sortante de Longueuil Catherine Fournier nous avait donné rendez-vous afin de parler de ses plans pour les quatre prochaines années, si elle est réélue. La rénovation du centre sportif, notamment, mais aussi une foule de chantiers dont elle souhaite voir l’aboutissement.
Ainsi, pour les grands thèmes de l’élection comme le logement ou l’itinérance, la mairesse mise beaucoup sur le travail mis en place dans son premier mandat.
«On a posé des gestes très rapides, tu adoptes des politiques, des plans, mais tu veux les mettre en œuvre ensuite. Maintenant il faut qu’on obtienne les résultats de ces orientations. Alors je pense que ça allait de soi pour un 2e mandat», évoque-t-elle.
Parmi ces plans à concrétiser : la stratégie d’habitation de la Ville, qui mise sur le logement à but non lucratif, et la gestion de la crise du logement. «Si je prends le service d’aide de relocalisation d’urgence pour la crise du logement, bien on a eu moins de demandes cette année. On dirait qu’on a des signaux qu’on est en train de reprendre un certain contrôle sur la situation», analyse-t-elle.
Certains projets de logements sociaux sont d’ailleurs sur le point d’aboutir, rappelle la candidate, comme les quelque 160 logements à l’intersection des boul. Desaulniers/Taschereau, ou la première phase du projet Un toit pour tous.
Itinérance
Quant à l’itinérance et la difficile cohabitation avec la population, Mme Fournier assure que la Ville a développé une certaine expérience au cours des quatre dernières années qui sera précieuse pour un prochain mandat.
«Juste avec l’expérience de la Halte [du coin], le déménagement, la façon que c’est géré actuellement, c’est le jour et la nuit. C’est sûr que des personnes vulnérables dans un quartier résidentiel, ça peut causer de l’insécurité, mais ça demeure que ça se passe somme toute très bien au 1, Curé-Poirier», soutient-elle.

Questionnée sur le cas de la marina, elle assure que les commentaires que reçoit la Ville, «c’est que ce n’est pas si pire que ça en général», évoquant les visites presque quotidiennes des équipes de proximité et santé, et l’achat de toilettes sèches.
«L’année passée, c’était vraiment très chaud comme été sur le plan de l’itinérance, de la cohabitation et tout. Déjà, ç’a été beaucoup mieux cet été. Je touche du bois. C’est trop tôt pour dire si c’est lié à nos initiatives ou pas. J’aime croire que oui, mais on le saura au fil des ans», poursuit-elle.
Un grand chantier
Lorsqu’on lui demande quel grand chantier la motive particulièrement pour un éventuel deuxième mandat, elle lance promptement la réduction des coûts de construction des infrastructures.
«Je ne me résigne pas à accepter les coûts qui ont doublé, triplé, depuis cinq ans partout au Québec, pas juste à Longueuil. On le voit, avec le gouvernement qui fait face à une école secondaire à un demi-milliard de dollars, ça n’a juste plus aucun sens. C’est la même chose pour nous, ça limite nos capacités et je pense qu’il y a un ménage qui peut s’imposer, notamment dans les normes qui s’additionnent», lance Mme Fournier.
Un chantier, qui, selon elle, intéresse beaucoup la nouvelle ministre des Affaires municipales Geneviève Guilbault et le cabinet du premier ministre François Legault. «Je pense que ça va pas mal bouger dans les prochains mois», prédit-elle.
Toujours sur le plan des infrastructures, la mairesse avait déjà fait part de son engagement de rénover les infrastructures existantes plutôt que de construire du nouveau. Elle donne l’exemple de terrain de pickelball qui pourrait être aménagé sur des ronds de glace l’été plutôt que d’en construire des neufs.
Elle confirme toutefois l’exception à cet engagement : de nouvelles infrastructures pour l’adaptation aux changements climatiques, particulièrement pour la résilience aux fortes pluies. «Tout ce qui est nécessaire pour ça, notamment dans les secteurs plus vulnérables, on va le faire», lance-t-elle.
Projets immobiliers

On retrouve plusieurs grands chantiers immobiliers soit amorcés ou planifiés à Longueuil. On risque d’en voir encore plus dans les prochaines années, confirme la mairesse, selon qui il s’agit d’une nécessité pour répondre aux besoins démographiques et pour rétablir l’abordabilité du marché.
«Ces dernières années, on a eu des taux d’inoccupation extrêmement bas, qui viennent jouer sur le pouvoir de négociation des locataires. C’est sûr que quand tu construis du neuf, le neuf n’est pas abordable parce que les coûts de construction sont tellement élevés. C’est l’effet domino qu’on cherche : les gens qui ont les moyens peuvent aller dans ces appartements-là, et ensuite, ça libère les appartements plus petits, moins dispendieux», souligne-t-elle.
Parmi les chantiers à surveiller : le développement de projets sur les sites de centres commerciaux comme Place Longueuil ou Place Desormeaux. «Ce sont des mégaprojets! Quand on parle de Place Desormeaux, il va avoir de nouvelles rues. Ce sont des superficies incroyables à cause du stationnement», explique Mme Fournier.
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Travail d’équipe et taxes
La mairesse réitère en outre l’importance de l’esprit de collaboration qui existe à l’hôtel de ville depuis 2021. Elle assure cependant que cet esprit va au-delà du conseil municipal, où tous les élus sauf un font partie de sa formation.
«Tout le monde sait que je ne suis pas d’allégeance libérale, mais je travaille super bien avec tous les ministres à Ottawa. Je n’étais pas à la CAQ, mais j’ai travaillé avec eux pareil, je les respecte et ils me respectent aussi. On fait avancer les dossiers et en politique, ça fait toute la différence, les liens de confiance», soutient-elle.
Si elle est élue, comment entrevoit-elle…
Les taxes? «Mon objectif, c’est l’inflation à chaque année. Je l’ai toujours dit : ça prend des augmentations de taxes chaque année, parce qu’autrement, à moins d’avoir une autre source de revenus, la ville s’appauvrit.»
Le projet de SRB sur Taschereau? «J’aimerais qu’on puisse avoir un échéancier et une confirmation gouvernementale dans le prochain mandat.»
Le développement de l’aéroport, en lien avec le Plan climat de la Ville? «C’est de garder ce lien qu’on a ouvert avec l’aéroport. Avant, on ne savait pas ce qui se faisait de son côté. Là, on a une place autour de la table pour transmettre les préoccupations citoyennes, pour qu’eux embarquent aussi dans nos projets, notamment les objectifs climatiques.»
Les poursuites en lien avec le Plan de protection des milieux naturels? «On n’est pas surpris, c’est la première fois qu’une Ville utilise le nouvel article de loi voté en décembre 2023. Mais la loi est très claire, je suis très confiante qu’on pourra avoir gain de cause sur le dossier, de manière à protéger nos milieux naturels au plus bas coût possible pour les contribuables, même si ça implique effectivement qu’il y ait beaucoup de restriction.»
Les marchés publics? «Les marchés éphémères sont très populaires, on souhaite les conserver, ça devient une tradition dans nos différents quartiers. Pour le marché public, on veut garder la vocation agroalimentaire de l’endroit et les commerces qui sont là. On aura peut-être des locataires plus diversifiés dans les prochaines années.»
La maternité? «Je vois ça comme un autre défi. Je suis assez zen, je ne me mets pas trop de pression sur les épaules. On n’est jamais à l’abri d’un enjeu de santé, mais j’ose croire que ça va bien aller. Je suis bien entourée, autant sur le plan personnel que professionnel. J’ai un plan, après on va voir comment ça va se passer.»
Le complexe Cousineau? «Que les discussions débloquent enfin avec les propriétaires. On a un canal de communication en ce moment, ce qui est déjà plus qu’avant.»
Piétonnisation de la rue Saint-Charles? «On continue dans la même veine! C’est très populaire, on a un taux d’approbation au-dessus de 80%, même chez les résidents, ça se passe bien. On est meilleur d’année en année et il y a une belle adhésion qui s’est créée autour de ce projet-là.»
Le développement du réseau cyclable? «On a fait beaucoup de chemin depuis 4 ans. Je pense que c’est d’avoir un équilibre, une logique de l’intégration dans notre réseau cyclable, de le faire progressivement, selon les besoins et vraiment analyser à la pièce chaque demande pour être sûr que ça s’intègre bien dans l’urbanisme.»