SANTÉ. Même si les présidents-directeurs généraux des Centres intégrés de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME) et Montérégie-Centre (CISSSMC) tentent de rassurer les syndicats concernant la réorganisation des groupes de médecine familiale (GMF), cette nouvelle orientation ministérielle soulève son lot d’inquiétudes. Les syndicats craignent notamment la perte de l’offre de service dans les CLSC.

«Selon nous, il y aura une clientèle orpheline qui sera sans service, du moins pour un certain temps, laisse tomber le directeur au conseil d’administration de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Francis Collin. Les gens qui fréquentent les CLSC ne sont pour la plupart pas inscrits dans un GMF et c’est pour cette raison qu’ils viennent chercher les services au CLSC.»

Cette nouvelle orientation ministérielle a pour but de rassembler une équipe interdisciplinaire autour du médecin de famille en GMF afin de limiter les déplacements des patients. Cette équipe comprendrait infirmières, travailleurs sociaux, kinésiologues et nutritionnistes. D’ailleurs, plusieurs des travailleurs concernés se sont présentés lors de la  dernière assemblée du conseil d’administration du CISSSMC pour faire part de leurs inquiétudes au pdg Richard Deschamps.

«En faisant le transfert de professionnels vers les GMF, les CLSC n’auront pas les ressources nécessaires pour voir cette partie de la clientèle qui n’a pas de médecin de famille. Les professionnels seront transférés sans leur clientèle, précise M. Collin. Il y a certainement une période de temps, avant de pouvoir s’inscrire en GMF, où ils seront des clients-orphelins. Ils n’auront pas de service ni dans les GMF ni dans les CLSC puisqu’on déculotte les CLSC pour envoyer leurs professionnels dans les GMF.»

Nombreux transferts

D’ici l’automne, 14 travailleurs sociaux et six ou sept travailleurs professionnels œuvrant actuellement dans les CLSC seront dispersés dans les GMF du territoire du CISSSMC. Six d’entre eux sont situés dans le secteur Champlain–Charles-LeMoyne.

Le territoire de la Montérégie-Est compte présentement 14 GMF. Le CISSSME a jusqu’en 2017 pour réaliser l’harmonisation de ses services puisque cette période correspond au renouvellement des accréditations des GMF. Onze des 14 GMF du territoire ont déjà adhéré au nouveau programme.

Selon la directrice générale adjointe du programme santé physique du CISSSME, Pascale Laroque, cette transformation représenterait, selon le modèle du gouvernement, l’équivalent de 35,5 infirmières subventionnées par le ministère de la Santé. Le CISSSME devrait également fournir 35,5 autres professionnels de la santé, dont des travailleurs sociaux. Cela représenterait quelque 12 000 heures de service à fournir, qui devront être assumées à même les budgets et les ressources existantes du CISSSME, sans financement additionnel.

Volontaires?

Le CISSSME est conscient que ce changement amène son lot d’insécurités chez les membres du personnel. La pdg du CISSSME, Louise Potvin, a toutefois assuré que des discussions auraient lieu avec le syndicat. Elle dit souhaiter trouver des solutions qui avantageraient également les employés.

«Je tiens à vous rassurer, nous n’allons pas vider les accueils psychosociaux des CLSC, a quant à lui mentionné le pdg du CISSSMC, Richard Deschamps. Nous allons faire le transfert vers le GMF le plus correctement possible pour la clientèle. Nous aurons un défi d’organisation de service et c’est là-dessus que nous travaillons actuellement, pour faire en sorte que la clientèle ne tombe pas dans le vide. Ce n’est pas une fermeture de service, mais un déplacement.»

L’APTS craint toutefois qu’il n’y ait pas de professionnels volontaires à être transférés vers les GMF.

«Idéalement, il devrait y avoir des volontaires. Les dispositions de la convention collective ne prévoient pas ce genre de transfert, alors il faudra parvenir à une entente avec l’employeur sur les modalités, explique la présidente de l’exécutif local Champlain-Charles-LeMoyne de l’APTS, Janel Etchie. Ça pourrait créer toute une chaîne de supplantations et nous ne voulons pas ça.»

Avec la collaboration de Karine Guillet.