À quelques jours du scrutin municipal, Hanadi Saad, cheffe de Vision Brossard, multiplie les appels à un changement de cap à l’hôtel de ville. En entrevue au Courrier du Sud, la candidate, qui brigue la mairie pour une deuxième fois, affirme vouloir «ramener la discipline budgétaire, la transparence et la proximité avec les citoyens» au cœur de la gouvernance municipale.

Reprendre le contrôle des finances

Mme Saad juge que la Ville de Brossard vit au-dessus de ses moyens. Selon elle, le conseil sortant a autorisé un volume excessif de projets sans en mesurer l’impact financier à long terme. «Il y a pour 175 millions de dollars de projets en cours. C’est beaucoup trop. Ces emprunts vont finir par se transformer en taxes cachées pour les citoyens», craint-elle.

Hanadi Saad, cheffe de Vision Brossard. (Photo: Le Courrier du Sud – archives)

Hanadi Saad

Sa priorité : freiner la croissance de la dette et revoir la façon dont la Ville planifie ses investissements. Elle propose de remplacer le plan triennal d’immobilisations (PTI) par un plan d’investissement sur dix ans, afin de mieux anticiper les dépenses majeures. «Rien que pour moderniser les égouts, on parle de 500 millions de dollars. Il faut planifier sur le long terme», soutient-elle.

Densification : « Brossard n’est pas Manhattan »

La cheffe de Vision Brossard s’oppose également à la vision urbaine de la mairesse sortante, Doreen Assaad. Selon elle, les plans de densification du centre-ville pourraient faire grimper la population de 25 %, soit environ 12 000 personnes supplémentaires.

«C’est comme si on ajoutait toute la population de Saint-Lambert à Brossard, dans des gratte-ciels. Nous sommes une ville de banlieue, pas Manhattan. On a déjà SOLAR et le Quartier DIX30 — pour moi, c’est ça notre centre-ville», affirme-t-elle en promettant d’instaurer des référendums locaux avant tout projet d’importance.

Transparence et logements abordables

Au chapitre de la gouvernance, Hanadi Saad réclame une enquête indépendante sur le climat de travail à l’hôtel de ville et les dépenses en frais juridiques. «Il y a un grand roulement de personnel. Il faut comprendre ce qui se passe», insiste-t-elle.

Elle dénonce également une tendance à la gentrification de Brossard, qu’elle décrit comme une ville en train de se transformer en «ville de luxe». Pour freiner cette évolution, elle avance que 15 % des logements dans les nouveaux projets de plus de 50 unités soient abordables et accuse l’administration Assaad d’avoir manqué de volonté dans ce dossier.

Contre le SRB sur Taschereau

Sur le plan du transport, Mme Saad est fermement opposée au SRB (Service rapide par bus) prévu sur le boulevard Taschereau. «Je suis clairement contre!» dit-elle sans détour. Elle estime que ce projet mal planifié risque d’aggraver la congestion routière. À la place, elle propose une meilleure utilisation du réseau d’autobus du Réseau de transport de Longueuil, plus souple et déjà opérationnel.

Sécurité et proximité citoyenne

Hanadi Saad reproche aussi à l’administration sortante d’avoir négligé les infrastructures de base. «Le soir, Brossard est une ville sombre. Certains citoyens doivent sortir avec une lampe de poche pour promener leur chien», illustre-t-elle, citant le mauvais état des rues, le manque d’éclairage et les problèmes de sécurité.

La candidate affirme que la sécurité demeure une préoccupation grandissante, notamment dans le secteur du Domaine, où plusieurs citoyens auraient récemment subi des cambriolages. Elle propose de créer une brigade de sécurité publique, sans pouvoir d’arrestation, qui collaborerait avec le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL).

Une équipe enracinée

Mme Saad met en avant la diversité et la proximité de son équipe, composée de candidats enracinés dans leur milieu. «Onze de mes douze candidats habitent le secteur où ils se présentent. Ils connaissent les enjeux locaux et les besoins des citoyens», souligne-t-elle.

Résidente de Brossard depuis plus de trente ans, Hanadi Saad est fondatrice et présidente de Justice Femme, un organisme défendant les droits des femmes issues des minorités. Gestionnaire de deux garderies subventionnées, elle a aussi été nommée en 2020 parmi les 25 femmes de l’année par l’organisme Women of Influence.

En 2021, alors à la tête de Brossard Uni, Mme Saad avait obtenu 6,86 % des voix (1212 votes), loin derrière Doreen Assaad (62,6 %) et Michel Gervais (28,2 %). Cette fois, elle espère que son message de rigueur financière et de retour à l’essentiel saura rallier davantage d’électeurs.

«Mon objectif est simple : que chaque décision soit prise dans l’intérêt des Brossardois», conclut-elle.